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Grand Angle  

Hassan Aourid analyse les origines du marasme arabe sur France Culture

De passage à Paris, le politologue, écrivain et ancien porte-parole du Palais royal, Hassan Aourid a été l’invité de «Questions d’Islam» sur France Culture pour parler de son nouveau livre, «Aux origines du marasme arabe». De l’expédition militaire de Bonaparte au printemps arabe, retour sur les étapes phares de l’islamisme.

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L'écrivain marocain Hassan Aourid était l'invité de l'émission «Questions d’Islam», diffusée dimanche sur France Culture. / DR
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Le nouveau livre de l’écrivain et politologue Hassan Aourid, «Aux origines du marasme arabe» (éditions Tusna, 2017), a été au cœur de l’émission hebdomadaire «Questions d’Islam», diffusée hier sur les ondes de France Culture et présentée par Ghaleb Bencheikh. L’occasion pour l’ancien porte-parole du Palais royal de revenir sur les origines de l’islamisme politique, à travers un flashback qui remonte dans un premier temps à l’expédition militaire menée par Napoléon Bonaparte en Égypte dès 1798.

Ainsi, Hassan Aourid raconte comment Méhémet-Ali, officier ottoman et vice-roi d'Égypte de 1804 à 1849 envoie, dès le retrait des troupes françaises, des délégations pour «chercher la science». «Parmi ces personnes, il y avait Rifa'a al-Tahtawi, (…) un ‘aumônier’ qui va surprendre par un sens critique de l’observation contenu dans son livre ‘L'Or de Paris’», explique Hassan Aourid. Rifa'a al-Tahtawi est non seulement considéré comme le fondateur de la presse égyptienne, mais aussi comme «le maître et le père spirituel du renouveau égyptien». Hassan Aourid souligne aussi «l’apport des chrétiens arabes et leur gigantesque travail dans le renouveau de la langue arabe».

L'islamisme, fruit de l’échec de l’idéologie panarabe

Professeur à Sciences Po Bordeaux, Hassan Aourid évoque ensuite le «premier congrès arabe» tenu en 1913 à Paris, qui a réuni musulmans et chrétiens, avant de citer Abd Al-Rahman Al-Kawakibi, «précurseur d’une forme de sécularisme». Estimant que «le monde arabe a été plus déterminé que déterminant», il rappelle que «l’élan moderniste en Egypte a été freiné par la montée de l’islamisme et les Frères musulmans, le mouvement initié par Hassan El-Banna».

«La montée essentielle d’une certaine version de l’islam a été à l’origine de l’arrêt de cet élan moderniste. Les balbutiements d’une première interprétation littéraliste de l’islam sont venus en conséquence de l’abolition du califat, d’abord avec Rachid Reda.»

Hassan Aourid aborde successivement l’abolition du califat, les manigances et manœuvres de Fouad 1er, roi d’Egypte qui voulait être calife, la proclamation de l’Etat d’Israël et l’ère Gamal Abdel Nasser. «Dès juin 1967, on parle de l’émergence de ce qu’on appelle la Naksa ; la chute. L’Egypte va changer et tout cela va déteindre sur toute la région», rapporte-t-il. Un contexte nuancé par l’après 1967, période durant laquelle Gamal Abdel Nasser entamera une nouvelle politique de réconciliation avec les tendances conservatrices.

«L’échec de l’idéologie panarabe, qui était laïque finalement, donnera naissance à l’islamisme, qui émergera sur les décombres du panarabisme.»

Dans son livre, l’écrivain marocain évoque aussi le wahhabisme et la révolution khomeyniste, mais aussi «la greffe islamiste dans des régions du monde non-arabes» et des «mots d’ordre» du printemps arabe qui «étaient laïcs». «Il est fondamental que l’on se penche nous-mêmes sur nos maux. Il ne faut pas sombrer dans une forme victimaire ou narcissique ; il faut être à l’écoute des voix inaudibles, porteuses d’espoir», conclut-il.

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