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Grand Angle  

Paléontologie : Le Maroc, nouveau berceau de l'humanité ?

Depuis hier tous les regards et les revues scientifiques du monde entier sont portés sur Jbel Irhoud et sur l'équipe des professeurs Abdelouahed Bennacer et Jean-Jacques Hublin. A l'origine de cet engouement, une découverte qui bouleverse l'histoire de l'humanité. Les plus vieux fossiles d'Homo sapiens ont été découverts au Maroc, à Jbel Irhoud. Détails.

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Les chercheurs ayant découverts les plus vieux fossiles d'Homo sapiens / Ph. Patrick Kovarik - AFP
Temps de lecture: 3'

Jbel Irhoud, que bon nombre de Marocains n'ont jamais connu, a fait beaucoup parler de lui depuis hier. Et pour cause, ce lieu montagneux qui se situe dans la région de Youssoufia (Marrakech-Safi) est au cœur de toutes les discussions notamment scientifiques. Une équipe internationale a déterré sur ce site des ossements d'Homo sapiens primitifs, l'espèce la plus proche de notre espèce actuelle, qui dateraient de plus de 300 000 ans. Un bond dans l'histoire qui fausserait toutes les hypothèses jusqu'ici formulées.

En effet, les avancées scientifiques voulaient que le berceau de l'humanité, certes en Afrique, s'orienteraient il y a quelque 200 000 ans. Un scénario aujourd'hui remis en cause par l'équipe codirigée par le professeur Abdelouahed Bennacer de l’Institut national d’archéologie et du patrimoine et le professeur Jean-Jacques Hublin de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionnaire (Leipzig, Allemagne) et du collège de France (chaire de paléoanthropologie). L'apparition de notre ancêtre Homo sapiens suggèrerait donc que les premiers humains étaient présents bien avant et ce en majeure partie sur le contient africain, avance Matthew Skinner, qui fait partie de l'équipe de scientifiques.

C'est en 2004 que les fouilles ont débuté, menant le projet à la découverte des fossiles d'au moins cinq Homo sapiens différents. Les vestiges sont constitués essentiellement de morceaux de crânes, de mâchoires, de dents et autres ossements. Des bouts d'histoire qui permettent de dire aujourd'hui que cette espèce est la plus ressemblante à la nôtre, à quelques nuances près.

Le site de Jbel Irhoud au Maroc, où les fossiles ont été découverts. /Ph . Shannon McPherron, MPI EVA Leipzig.Le site de Jbel Irhoud au Maroc, où les fossiles ont été découverts. /Ph . Shannon McPherron, MPI EVA Leipzig.

Un Homo sapiens qui nous ressemble

La datation des fossiles a pu être faite grâce à la méthode par thermoluminescence, une mesure minutieuse liée à un phénomène physique. Ce dernier est possible par la capacité de certains cristaux d'accumuler l'énergie cédée par les rayonnements ionisants issus de la radioactivité et de restituer cette énergie sous forme de lumière lorsqu'ils sont chauffés. L'analyse a permis de révéler que les ossements étaient enterrés depuis près de 315 000 ans, avec une marge d'erreur de 34 000 ans. La deuxième méthode à laquelle les scientifiques ont eu recours n'est autre que la résonance de spin électronique, qui a pu déterminer l'âge des dents retrouvées sur le site.

Ces résultats sont fiables selon Matthew Skinner, tout simplement puisque des anatomistes ont également été mobilisés afin de déterminer si ces fossiles auraient appartenu effectivement à notre espèce ou pas. Un travail qui a révélé avec quasi exactitude que les individus avaient une morphologie moderne, ce qui permet d'affirmer que ces espèces humaines ont vécu en Afrique à cette époque.

Ainsi, cet Homo sapiens est de toute sorte ressemblant à l'humain d'aujourd'hui que ce soit par la taille, la dentition ou encore la forme de la mâchoire. Seul bémol, se trouve dans le crâne et le cerveau. Les fossiles présentent une espèce qui possédait un crâne plus plat et un cerveau qui était encore en développement par rapport au nôtre. Le cerveau de cet ancêtre est donc plus grand, et sa forme est beaucoup plus allongée, explique Jean-Jacques Hublin. Des différences qui puiseraient leurs sources au sein de mutations produites durant ces 300 000 ans chez notre espèce, qui auraient impacté la connectivité de ce cerveau.

Jbel Irhoud, jardin d'Eden marocain et mine d'or depuis plus de 50 ans pour les archéologues et anthropologues du monde entier, renfermait en réalité un bien plus grand trésor et continuera sûrement à offrir de nouvelles trouvailles. Si l'Afrique australe est connue pour être le berceau de l'humanité, avec cette découverte le Maroc est devenu le berceau de l'Homo sapiens.

Article modifié le 2017/06/09 à 11h33

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