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Grand Angle

Tourisme médical : Marrakech à l’affût des investissements

A l’échelle mondiale, les chiffres dans ce secteur pèsent lourd. Les opérateurs touristiques et les autorités régionales de Marrakech-Safi entendent bien en faire leur nouveau créneau économique.

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Les opérations de chirurgie esthétique sont particulièrement sollicitées. / DR
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Indétrônable capitale touristique du royaume, Marrakech a flairé depuis peu le bon filon pour donner un coup d’impulsion à la destination Maroc. Avec ses 50 milliards de dollars, c’est peu dire que le marché mondial du tourisme médical fait de l’œil aux investisseurs privés et aux opérateurs touristiques de la ville ocre.

«C’est une niche très stratégique qui a toute sa place dans le secteur du tourisme», déclare Ibrahim Khair Eddine, directeur du Centre régional d’investissement (CRI) de Marrakech-Safi, contacté par Yabiladi. Pour autant, «le tourisme médical ne fait pas encore l’objet d’une stratégie. Ça se développe très bien mais il n’y a pas de cadre qui structure ce volet. Ce n’est pas encore une priorité en termes de santé publique», nuance toutefois un responsable du ministère de la Santé.

Premiers clients : les touristes arabes  

Si elle n’a peut-être pas vocation, pour l’heure, à devenir une «priorité», cette filière pèse suffisamment lourd pour susciter l’attrait des investisseurs. «Si on regarde les benchmarks au niveau international, le tourisme du bien-être augmente pratiquement de 13% par an. L’Europe en est la première destination», indique Ibrahim Khair Eddine.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de touristes médicaux dans le monde avoisine les 38 millions par an avec une dépense moyenne de 5 000 dollars par visite, indiquait récemment l’agence MAP. Les pays arabes dépensent 27 milliards de dollars par an dans le tourisme médical à l’étranger, alors qu’une partie substantielle de ce montant aurait pu être dépensée dans le monde arabe, estime l’Organisation arabe du tourisme.

Cette charnière d’investissement, au Maroc de surcroît, les Emirats arabes unis l’ont bien saisie. En 2012, le groupe immobilier Tasweek avait annoncé la construction d’une «Marrakech healthcare city» dans laquelle il a injecté 341 millions de dirhams. Un vaste complexe médico-hôtelier qui couvrira plusieurs spécialités comme l'ophtalmologie, la neurochirurgie, l'orthopédie, la génétique, la fin de vie, l'odontologie et la chirurgie maxillo-faciale, entre autres, d’après le Huffington Post. Son ouverture, initialement prévue en décembre 2016, devrait être effective cette année.

Développer un réseau d’acteurs médicaux mondiaux

«Les atouts du tourisme médical ont été largement mis en avant» lors de l’Africa Médical Tourisme Expo qui s’est tenu à Marrakech du 22 au 24 mars, assure Ibrahim Khair Eddine. «L’attention mérite de lui être accordée afin de lui dédier toute une stratégie. L’écosystème du tourisme médical au Maroc est en plein essor avec plusieurs composantes telles que les fitness, les spa, la nutrition ou encore les eaux thermales. Les tarifs sont avantageux, surtout au niveau des opérations dentaires et de chirurgie esthétique», ajoute-t-il.

Dans la région, le tourisme médical semble être en terrain conquis : «Marrakech-Safi offre toutes les conditions favorables pour le développement de cette niche : des plateaux techniques nouvelle génération, des médecins de haut niveau et des infrastructures médicales et paramédicales solides qui permettent aux patients de bénéficier de prestations de très bonne qualité.»

Une niche «qui a de l’avenir devant elle, d’autant que le retour du Maroc au sein de l’Union africaine et la signature de plusieurs accords avec des pays africains permettent de renforcer davantage le rôle du royaume en tant que locomotive économique dans ce domaine, et d’encourager les investissements par le développement d’un réseau d’acteurs médicaux mondiaux», relève Ibrahim Khair Eddine. Dans l’édition 2016 du Medical Tourism Index, le Maroc se classe d’ailleurs à la 31e place sur les 41 destinations mondiales répertoriées.

Une dynamique impulsée par la promulgation, en février 2015, de la loi 113-13 sur la libéralisation des cliniques et l’ouverture de leur capital à des investisseurs n’exerçant pas dans le domaine de la santé. «On a vu beaucoup d’opérateurs dans le domaine de la banque-assurance et de l’assurance investir cette niche», confirme le directeur du Centre régional d’investissement. Rien qu’à Marrakech, l’offre de soin s’est développée jusqu’au point d’héberger 500 lits hospitaliers de grand luxe ainsi que la Clinique internationale de Marrakech (CIM), partenaire de la COP22 sur le plan sanitaire, permettant ainsi à la ville de faire d’une pierre deux coups : conserver et renforcer son statut de capitale touristique grâce au développement, en parallèle, d’un secteur prometteur.

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