On la croyait très récente, mais telle n’est pas le cas. La vidéo postée le 25 avril, trois jours avant l’attentat (qui a fait 16 morts dont 11 étrangers et 21 blessés) et attribuée à des combattants d’AQMI datait en réalité de 2007. Cinq hommes armés dont l’un, masqué et présenté comme un certain Abou Abderrahmane Al Maghribi y dénonce les conditions de détention des «croyants dans les prisons du Maroc».
Précipitation ou manipulation ?
La mise en ligne, le 25 avril dernier, de cet extrait d’une longue vidéo réalisée et diffusée en 2007 par AQMI a poussé certains médias, français notamment, à très vite faire le rapprochement entre les deux évènements. Ce qui n’est pas encore une évidence. Seulement, des experts s’interrogent encore sur sa diffusion tout juste avant les événements : «Ca ne peut pas être une coïncidence, car ces vidéos n'ont pas réapparu depuis longtemps et ce sont vraiment des extraits qui ont été coupés» déclare à l’AFP, l’expert français en terrorisme Jean-Charles Brisard. «C'est tout à fait inhabituel. Le réseau AQMI n'a pas pour habitude d'annoncer ses actions», constate-t-il.
Du côté des autorités du royaume, on préfère pour le moment rester prudent : «cette vidéo date d'avant l'attentat, c'est évident, mais je ne peux établir de date exacte» a fait savoir un haut responsable du ministère marocain de l’Intérieur, qui ajoute, sous le couvert de l’anonymat : «nous ne prenons pas en considération son contenu dans l'enquête qui est en cours». Une enquête qui a révélé que l’explosif a été actionné à distance.
Les «islamistes marocains» condamnent
Au Maroc, les mouvances de tout bord continuent de condamner l’attentat qui a visé le café Argana. Le Parti pour la Justice et le Progrès (PJD), dit «islamiste», «dénonce cet acte barbare» qui ne profite qu’aux personnes qui sont contre «la dynamique des réformes» et appelle à ce que «les procédures judiciaires soient respectées».
Le mouvement Al Adl Wal Ihsane parle également d’ «acte criminel, lâche» tout en mettant en garde contre la reproduction du «scénario de 2003» avec son lot de violations des droits de l’Homme qui ont accompagné ces événements. Pour le mouvement de Cheikh Yassine, interdit mais toléré, «le but de cet acte est la propagation de la peur, de la perturbation de la contestation populaire que connait le Maroc».
Enfin, pour les prisonniers «salafistes» récemment libérés, les commanditaires de cet attentat ne visent qu’à «stopper les enquêtes sur les attentats de 2003» et de faire diversion, «surtout que tous les Marocains manifestent et appellent à la fin du despotisme».