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Grand Angle

Mobilisation au Rif : Partis, syndicats et associations appellent l’Etat à s'ouvrir au dialogue

La ville d’Al Hoceima et sa région ont renoué ce jeudi avec la protestation à travers une grève générale et une marche. Face au mea-culpa des partis de la majorité gouvernementale, d'autres partis politiques, des syndicats et des associations appellent à l’ouverture du dialogue avec la population.

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Des manifestants se dirigeant ce jeudi vers la Place des martyrs à Al Hoceima pour la marche générale. / Ph. Anwal Press
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La population d’Al Hoceima a organisé aujourd’hui une grève générale et une marche dans le cadre de la «Mobilisation», née peu après le décès tragique du marchand de poisson Mohcine Fikri. Au lendemain du rétropédalage des six partis de la majorité gouvernementale, des associations, des partis politiques et des syndicats ont publiquement annoncé leur soutien à la «Mobilisation» dans le Rif.

Les manifestants «résistent aux politiques néolibérales dictées par des institutions internationales», a déclaré l’association ATTAC Maroc dans un communiqué, appelant à la mobilisation en faveur des protestations.

Même son de cloche chez la Confédération démocratique du travail (CDT), qui a tiré à boulets rouges sur les six partis formant la majorité gouvernementale et leur «recours aux accusations gratuites». «Les rétropédalages de l’Etat et des partis de la majorité ainsi que leur approche négative reproduit un discours de trahison pour légitimer le recours à la répression. Les expériences historiques précédentes ont non seulement démontré l’échec de cette approche, mais ont aussi confirmé qu’elle alimente la grogne sociale et les tensions», précise la centrale syndicale.

Mettre en place une commission d’enquête parlementaire

Pourquoi les promesses des autorités locales n’ont-elles pas réussi à calmer les esprits dans le Rif ? «Par rapport à d’autres villes comme Nador, Al Hoceima est marginalisée et fortement impactée. Le sentiment de mépris et la grogne sociale est bel et bien réel», explique le politologue Abdessamad Belkebir. «Si la mobilisation a des revendications légitimes, le discours dérange.»

«C’est un problème qui concerne plusieurs régions, voire même le Maroc tout entier. Il y a ce que j’appelle un recul démocratique. Il faut rediriger le processus démocratique. Sans cela et avec l’ingérence continue du ‘Tahakkom’, d’autres zones de tension verront le jour.»

Quid des solutions urgentes à mettre en place ? «Je crois qu’il faut mettre en place une commission d’enquête parlementaire pour enquêter sur la politique gouvernementale, la gestion territoriale et d’autres problèmes dont on ne parle pas pour savoir s’il y a des parties extérieures, où se situent les dysfonctionnements et comment parvenir à des solutions urgentes», préconise Abdessamad Belkebir.

Ecouter la population et répondre «immédiatement» et «favorablement» aux revendications

De son côté, Nabila Mounib, présidente de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) et secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), rappelle le soutien de la FGD à la «Mobilisation» dans le Rif depuis plusieurs mois. Elle appelle aussi à un dialogue constructif avec la population d’Al Hoceima et sa région : «Nous affirmons la nécessité d’un dialogue constructif avec la population pour écouter ses revendications légitimes. Il n’est pas acceptable d’assister à des déclarations irréfléchies et imprudentes, à l’instar de celles émanant de la majorité gouvernementale qui mettent en doute le nationalisme des citoyennes et citoyens du Rif», nous confie-t-elle.

«Ce n’est dans l’intérêt d’aucune nation d’accuser ses citoyennes et ses citoyens de traîtres ou d’autres accusations inacceptables. Nous affirmons, tout comme la population de cette région, qu’Al Hoceima vit une crise sociale étouffante. Le gouvernement doit être au service des citoyens, d’abord en les écoutant puis en répondant immédiatement et favorablement à leurs revendications urgentes.»

La secrétaire générale du PSU enchaîne : «Les responsables doivent répondre aux revendications de ces citoyens et anticiper ce genre d’événements sur le long terme dans d’autres zones du Maroc.»

Eviter «les méthodes d’accusations qui n’ont mené à aucun résultat»

Les clés pour mettre fin à la grogne sociale sont, d’après Nabila Mounib, «le processus démocratique, la mise en place d’une réelle régionalisation avancée, la lutte contre la corruption et les corrompus et l’ouverture de la discussion et l’écoute des revendications.»

De même, Abdelaziz Aftati, ancien parlementaire du PJD à la Chambre basse, ne manque pas de pointer l’absence d’une volonté pour s’attabler avec les manifestants. Contacté par Yabiladi, il rappelle que «les citoyens mènent cette mobilisation pour attirer l’attention des responsables, ce qui est normal». «Il n’y a pas d’efforts ni de volonté réelle d’ouvrir les canaux de discussion pour persuader la population de mettre fin à la contestation», enchaîne-t-il.

«Je crois que ce qui se passe à Al Hoceima doit être une leçon pour que cela ne se reproduise plus. Or il n’y a pas de discussions sérieuses pour communiquer et persuader. Il n’y a que des méthodes d’accusation qui n’ont mené à aucun résultat.»

Abdelaziz Aftati accuse aussi l’Etat profond, qui «a peint la province avec une couleur politique misérable, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation».

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