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Grand Angle  

Sofia Amara, la grand reporter franco-marocaine qui sillonne le Moyen-Orient

Depuis trente ans, cette grand reporter franco-marocaine sillonne les territoires écorchés du Moyen-Orient. Un parcours qu’elle doit beaucoup «au hasard». Portrait.

Publié
Sofia Amara. / Ph. Caroline Poiron
Temps de lecture: 2'

Chose promise, chose due : on ne dira pas de Sofia Amara qu’elle est «reporter de guerre». Depuis 30 ans qu’elle baigne dans le journalisme, cette Franco-Marocaine a eu le temps de toucher à (presque) tout : «Je n’aime pas trop le terme ‘reporter de guerre’, que je trouve un peu réducteur, un peu ‘étiquette’. Oui, j’ai couvert des guerres, mais j’ai aussi touché aux problématiques sociétales et à l’économie», dit-elle d'emblée à Yabiladi.

Il faut remonter jusqu’en 1987 pour revenir sur ses premiers pas. Sofia Amara a 19 ans lorsqu’elle s’envole pour la Jordanie, après l’obtention de son baccalauréat à Casablanca. Elle atterrit à Amman, où elle se donne un an pour «perfectionner [sa] maîtrise de la langue arabe», et intègre l’université de Jordanie pour y suivre un cursus de sciences politiques et de journalisme.

Très vite, ce qui ne devait être qu’un séjour universitaire prend une autre tournure avec l’éclatement de la Première intifada en Palestine : «Je n’étais pas allée là-bas pour couvrir l’actualité, j’étais une jeune étudiante qui arrivait de mon Maroc natal non pas pour être journaliste, mais juste pour apprendre l’arabe. Il s’est passé quelque chose et j’ai eu envie d’en parler, c’est tout», confie-t-elle en octobre 2016 au magazine en ligne Kamsyn. A la fleur de l’âge, Sofia Amara dit avoir ressenti un «besoin urgent de rapporter des faits qui se déroulaient non loin [d’elle]».

«Comprendre ce qui peut mener à la violence et à la mort»

Une fois sa licence en poche, Sofia Amara quitte Amman pour Paris, où elle entre à Sciences Po. Parallèlement à ses études, elle travaille pour RMC Moyen-Orient à partir de 1993. Six ans plus tard, en 1999, elle se marie avec un Franco-Libanais et part s’installer à Beyrouth. C’est ainsi que la jeune femme se retrouve propulsée dans les zones de conflit de la région, qu’elle couvre pour TF1, LCI, France 24, Canal +, Arte ou encore l’agence Capa. «Le journalisme, je le pratique là où je suis, pas à la façon de certains jeunes qui disent vouloir couvrir exclusivement la guerre et s’embarquent alors pour le Moyen-Orient. C’est toujours le fruit du hasard qui a fait que mon chemin est allé à cet endroit au lieu d’un autre», dit-elle à Kamsyn. Son dernier reportage, «Les enfants perdus du califat», a été diffusé le 11 mars 2017 sur France 2 dans l’émission «Envoyé spécial».

Son attrait pour ce genre de sujets, Sofia Amara l’explique par une volonté de comprendre «ce qui peut pousser les hommes au pire, à la violence et à la mort. C’est contradictoire : parfois, le meilleur comme le pire peuvent mener les hommes à la violence».

Du Maroc, cette grand reporter se souvient de «ces femmes fortes qui ont une sacrée personnalité. Le royaume m’a forgée et m’a donné une vision de la femme indépendante et libre».

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