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Grand Angle

Investissement en Afrique, un danger pour les banques marocaines ?

L’expansion récente des banques marocaines en Afrique a fait du continent l’un des piliers les plus importants de la politique que mène le royaume en matière économique. Cela dit, ce pari risque, à court et moyen terme, de révéler des failles selon une étude publiée le 11 mai par Fitch Ratings. Détails.

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Image d'illustration. /Ph. DR
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La politique africaine que mène le Maroc ne fait plus de doute au moment où le royaume mise sur le continent pour l’avenir. C’est également le cheval de bataille des banques marocaines leaders à l'instar d'Attijariwafa Bank, la BMCE et le Groupe banque populaire centrale (GBPC). Elles ont d’ailleurs opté pour le continent pour se développer et notamment mettre en place des filiales.

Toutefois, une étude menée par Fitch Ratings et publiée jeudi 11 mai avance que les ambitions des banques marocaines de s’étendre davantage en Afrique sont un frein à leur souveraineté et ce, au moins à court terme.

L’Afrique serait-elle l’avenir ? C’est le contraire que semble soumettre l’étude menée par l’agence américaine de notation financière internationale. Ce frein serait dû essentiellement aux risques liés aux pays en proie aux guerres civiles, à la corruption ou encore aux maladies qui règnent sur le continent. Les banques qui viennent à investir donc en Afrique, où l’environnement commercial n’est pas stable, pourraient contribuer à une incidence importante sur leurs revenus et donc sur leur souveraineté monétaire.

Des banques marocaines de qualité

Contactée par Yabiladi ce vendredi, Janine Dow, analyste de Fitch Ratings au bureau de Londres indique que le Maroc dispose d’un environnement bancaire de qualité. «La comparaison est plutôt favorable au Maroc par rapport aux pays africains, excepté l’Afrique du Sud. Un fait qui est donc en faveur des banques marocaines car l’environnement opérationnel au Maroc est meilleur», explique l'analyste de l’agence.

L’autre point opportun à cette conclusion est la note souveraine du Maroc (BBB-), dans la catégorie investissement. A contrario, la plupart des autres pays africains sont notés bien en dessous et font donc partie d’une catégorie spéculative, souligne Fitch Ratings. La dernière raison avantageuse aux établissements bancaires du royaume est la réglementation bancaire. En effet, selon l’agence américaine, le Maroc est doté d’une réglementation plus élaborée que ses voisins africains.

La qualité des banques marocaines par rapport aux pays du continent reste donc indéniable. C’est d’ailleurs ce qui pousse ces établissements bancaires à investir pour générer des gains et accroitre leurs bénéfices.

Toutefois, l’Afrique est encore aujourd’hui considérée comme une zone à risque élevé, avertit l’agence américaine de notation. Ce risque élevé contribuerait à compromettre les actifs desdites banques et leur souveraineté monétaire mais aussi à affecter la note attribuée au royaume.

L’Afrique, un continent à risque

L’Afrique serait donc, à en croire Fitch Ratings, «une option risquée» car investir dans le continent présente un danger accru pour les actifs des banques. La société d’évaluation cite notamment son évaluation de la BMCE et d'Attijariwafa Bank sur leur investissement en Afrique. Pour Janine Dow, «à court terme en tous les cas, investir dans des pays d’Afrique entraîne une certaine exposition au risque souverain car ces marchés sont généralement plus volatiles».

Parallèlement, les effets bénéfiques à cette politique africaine orchestrée par les banques marocaines portent leurs fruits actuellement. En effet, les banques ont vite augmenté leur bénéfice global. «Les filiales africaines contribuent de plus en plus au bénéfice global, générant 32% du bénéfice net de 2016 pour BMCE, 29% pour Attijariwafa et 12% pour GBPC», expliquent les auteurs du rapport.

Plus loin dans le document, Fitch Ratings rappelle que le réseau des filiales africaines des banques marocaines se concentre essentiellement dans les pays subsahariens et se développe de plus en plus. BMCE a atteint 19 pays africains, Attijariwafa Bank compte aujourd’hui des filiales dans 13 pays du continent et GBPC s’est étendu à 8 pays d’Afrique.

Mais Fitch Rating pointe que «la diversification peut permettre également d’améliorer les profits et les revenus parce que les marges peuvent être plus importantes», nous déclare l’analyste de Fitch Ratings. Des points propices pour les banques marocaines, à l’instar d’Attijariwafa Bank, citée par l’agence de notation. «La banque leader du royaume et quatrième africaine, a annoncé la semaine dernière son rachat de Barklays Egypt», note Fitch Ratings. 

Tant de pas favorables à l’économie marocaine qui tend à avoir un plus grand accès aux marchés du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Est.

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