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Grand Angle

Lagouira, désormais levier de pression entre les mains de la Mauritanie

Lagouira était sur le point de suivre les traces de Guerguerate. La petite localité côtière était, hier, le théâtre de la détention de douze soldats marocains par l’armée mauritanienne. Deux événements clés permettent de connaitre l’histoire de Lagouira : Les accords de Madrid en 1976 et ceux d’Alger en 1979.

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Des bâtiments en ruine dans la ville de Lagouira, en 2014. / Ph. Angus Mackinnon - Le Desk
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L’incident de la détention pendant plusieurs heures de douze soldats marocains par l’armée mauritanienne au large de Lagouira a remis en avant le dossier de la souveraineté de cette partie du Sahara occidental. Pour apporter un éclairage sur cette bombe à retardement, un retour en arrière s’impose.

Nous somme le 14 novembre 1975, soit huit jours après le lancement de la Marche verte, des représentants du Maroc, de l'Espagne et de la Mauritanie signent les accords de Madrid en vertu desquels l’ancienne puissance coloniale se retire du Sahara et cède l’administration du territoire à Rabat et Nouakchott. En contrepartie, Madrid continuera à exploiter les phosphates et à pêcher dans les eaux de la province.

Sur le terrain, une partition s’est installée entre le Maroc et la Mauritanie. Ce fragile ordre a duré presque trois années. Le coup d’Etat du 10 juillet 1978 contre le président Mokhtar Ould Daddah a complétement rebattu les cartes. Les militaires qui ont pris le pouvoir ne cachaient pas leur sympathie pour l’Algérie et le Polisario. Une aile de la junte militaire voulait se débarrasser des obligations de l’accord de Madrid. Et elle ne tardera pas à le faire savoir.

Lagouira de la pêche à la politique

Sous le parrainage de l’Algérie, des représentants des auteurs du putsch entrent, les 3 et 4 août à Alger, dans des négociations directes avec le Polisario. Le 5 août 1979, ils signent un accord de paix annonçant officiellement le retrait de la Mauritanie des accords de Madrid et la reconnaissance de la «RASD». Dans la foulée, Khouna Ould Haidallah, le chef du Conseil militaire du salut national, qui réunissait 14 hauts gradés de l’armée, ordonna à ses troupes de se retirer d’Oued Ed Dahab en vue de céder le territoire aux milices du mouvement séparatiste.

La suite est connue : le roi Hassan II avait avorté ce projet en donnant ses instructions aux Forces armées royales d’étendre leur présence sur toute la province, mettant en échec les plans du Polisario et de l’Algérie ; l’opération fut un succès. Néanmoins, Lagouira avait été épargnée par la progression des FAR. La construction du mur de sécurité avait entériné cette exception.

Pendant des années, la petite localité côtière était le point de chute de pêcheurs mauritaniens. Ce n’est qu’avec l’avènement du président Mohamed Ould Abdelaziz et la détérioration des relations avec le royaume que Lagouira revêt une importance stratégique. Depuis, l’armée de Nouakchott a renforcé sa présence militaire dans la bourgade. Pire, elle autorisait même des membres du Polisario, y compris Brahim Ghali, à se prendre en photos sur sa plage. Le mouvement séparatiste revendique également sa «souveraineté» sur Lagouira. Le régime de Nouakchott joue avec le feu.

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