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Grand Angle

Mustapha Ramid dérape sur le dossier des PJDistes accusés d'apologie au terrorisme

Mustapha Ramid a déclaré n’avoir pas été «pas au courant» du contenu du communiqué conjoint et des poursuites engagées par le parquet général contre de jeunes PJDistes pour apologie au terrorisme.

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Mustapha Ramid, ministre d'Etat chargé des droits de l'homme et ancien ministre de la Justice et des libertés. / Ph. DR
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Les dérapages de l’actuel ministre d'Etat chargé des droits de l'homme lors de son passage à la Chambre des représentants continuent de faire couler beaucoup d’encre. Après sa déclaration incendiaire sur les appels en faveur des libertés individuelles, l’homosexualité et les relations sexuelles consenties hors mariage, c’est une autre déclaration qui irrite plusieurs leaders au sein même de sa formation politique.

Devant la Commission de la justice et la législation à la Chambre des représentants, Mustapha Ramid s’est attiré les foudres des élus de son parti concernant les jeunes PJDistes accusés d’apologie au terrorisme sur les réseaux sociaux. L’affaire remonte à décembre 2016, au lendemain de l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie.

Ramid a «senti que quelque chose n’allait pas»

Lors de son passage dans l’hémicycle, le ministre chargé des droits de l’homme a affirmé que l’ex-ministre de l’Intérieur et actuel ministre de l’Education nationale, Mohamed Hassad, l'a contacté peu après les premières publications des internautes sur l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara, Andreï Karlov par le policier turc Mevlut Mert Altintas. «Le ministre de l’Intérieur m’a proposé de publier un communiqué conjoint pour alerter les Marocains sur la gravité de ce genre de publications», poursuit le ministre cité par le média arabophone Elaph. Mustapha Ramid a par la suite donné son feu vert à Mohamed Hassad. Face aux élus toutefois, il tempère, affirmant avoir «senti que quelque chose n’allait pas».

L'ancien ministre de la Justice a fait savoir qu’il n’avait pas «prêté attention au contenu du communiqué, qui a brandi l’article 218 du Code pénal incriminant l’apologie au terrorisme». Un article pour lequel le juge chargé de l’instruction a invoqué la loi antiterroriste. Mustapha Ramid indique également que son conseiller n’aurait pas non plus prêté attention au risque pénal qu’encouraient les internautes.

Mustapha Ramid s’est par la suite justifié en déclarant qu’il ne suivait pas tous les dossiers pour lesquels le parquet général a décidé d’engager des poursuites judiciaires : «Ce dossier a provoqué un large débat en interne, dont je ne peux pas en révéler les propos compte tenu du droit de réserve».

Pour rappel, Mustapha Ramid avait défendu en 2013 l’action de ses «subordonnés» du parquet général lors de l’interpellation de Ali Anouzla, directeur du site d'information Lakome, accusé d'apologie au terrorisme suite à la publication d'une vidéo d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Des jeunes poursuivis «suite à l’ignorance du ministre»

Sa déclaration fait déjà grincer des dents dans les rangs des PJDistes, notamment Abdessamad El Idrissi, membre du secrétariat général et avocat des PJDistes poursuivis. Dans un post Facebook, l’avocat tire à boulets rouges sur les «allégation de Mustapha Ramid sur son ignorance du contenu du communiqué conjoint pour se désengager de ses responsabilités, [et sur] son silence face aux poursuites engagées contre des membres du parti pour apologie au terrorisme».

«Dire qu’il ignorait (que ces jeunes seraient poursuivis en vertu de la loi antiterroriste, ndlr) ne fera qu’accroître la souffrance de ces jeunes, surtout quand ils sauront que leur arrestation est due au manque d’attention et à l’ignorance de l’ancien ministre de la Justice et des libertés, qui est à la tête du parquet général.»

Hassan Hammoro, membre du Conseil national du PJD, a également critiqué les propos de Mustapha Ramid et sa tentative de tenir comme seul responsable l’ancien ministre de l’Intérieur : «Qui nous garantit qu’un jour viendra où Mustapha Ramid dira qu’il n’a pas non plus été attentif à la formation du gouvernement El Othmani, qu’il a parrainée ?», s’interroge-t-il dans un post Facebook.  «Un jour, Ramid utilisera ce même argument pour commenter le gouvernement», conclut-il.


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