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Grand Angle

Al Hoceima : Nasser Zefzafi répond au wali Mohamed El Yaakoubi

Les leaders de la contestation dans le Rif fustigent les récentes déclarations de Mohamed El Yaakoubi à l’AFP. Parmi eux, Nasser Zefzafi, porte-parole de la contestation populaire à Al Hoceima et dans le Rif.

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Mohamed El Yaakoubi, Wali de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Nasser Zefzafi du mouvement de contestation dans le rif. / Photomontage
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Le torchon brûle à nouveau entre les leaders de la contestation dans le Rif et le wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed El Yaakoubi. Le mouvement contestataire n’a pas tardé à réagir aux déclarations que le responsable a données dimanche à l’AFP, reprises par plusieurs médias nationaux et étrangers.

Lundi soir, Nasser Zefzafi, l’un des leaders du mouvement, a commenté les propos du wali en direct sur sa page Facebook, dans des écrits mâtinés de berbère rifain, d’arabe et de darija, considérant qu’ils «sous-évaluent le travail des institutions et de l’Etat» : «El Yaakoubi est contradictoire dans ses paroles. Si Al Hoceima était une ville stable, comme il l’avance, pourquoi l'armée et la gendarmerie y sont-elles présentes, au lieu d’être à Guerguerate ?», s’est-il interrogé, estimant que «le gouverneur insulte les citoyens». Nasser Zefzafi  a aussi reproché au wali de ne pas croire au slogan des institutions et d’avoir choisi une agence de presse française reprise par plusieurs médias étrangers, parce que le peuple ne fait plus confiance aux médias marocains.

«Nous ne faisons plus confiance au gouverneur. Ces derniers mois, il nous a promis que des écoles, des hôpitaux et des routes seraient construits, mais il n’a pas tenu sa promesse. Nous lui ferons face avec ce vaste mouvement (…), qui a mis au jour la relation que l’Etat entretient avec les citoyens : nous vivons depuis 60 ans dans un embargo politique, social et culturel, sous le joug d’un Dahir qui considère le Rif comme une zone militaire tendue.»

Les revendications sociales du mouvement sont on ne peut plus claires, «bien que l’Etat ait tenté de discréditer le mouvement à travers des accusations». «Vos menaces multiplient notre force. Nous sommes prêts à mourir parce que nous nous sommes engagés devant Dieu, devant les citoyens et les membres de la diaspora à ne pas trahir la cause», poursuit-il. Nasser Zefzafi d’insister : «Nous concrétiserons nos revendications même si le wali s’y oppose parce que nous sommes un peuple libre qui refuse l’humiliation.»

Pour El Yaakoubi, le discours des leaders du mouvement est une «succession d'intox»

Les propos de Nasser Zefzafi, considérés comme la voix de la contestation populaire à Al Hoceima et dans le Rif, interviennent un jour après la sortie médiatique de Mohamed El Yaakoubi. Ce dernier a dénoncé dimanche les «intox» des leaders de la contestation dans la province d'Al-Hoceima, qui devront «répondre devant la justice de leurs appels à la violence».

«Al-Hoceima est une ville normale, qui fonctionne normalement et dont les institutions travaillent. Il y a simplement de temps en temps des manifestations, mais moins nombreuses que dans d'autres provinces», a déclaré à l'AFP Mohamed El Yaakoubi.

«Tout est virtuel. A voir les profils Facebook de ces gens, on pourrait croire que la ville est en feu, alors qu'il n'en est rien. Leur discours est une succession d'intox. Ils disent tout et son contraire.»

Le wali pointe du doigt les «appels à la violence» et le «discours de terreur et d'instrumentalisation». «Il faut voir leur propagande sur Facebook, avec des insultes, des attaques personnelles graves contre des élus. Ces gens n'acceptent aucun avis contraire et qualifient de ‘traîtres’ tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux», enchaîne Mohamed El Yaakoubi, évoquant une dimension religieuse «pour ratisser large».

Le représentant des autorités centrales dans la région du nord fait état de l’existence d’une «procédure (judiciaire)» qui serait en cours pour que la justice puisse désigner ceux «qui tirent les ficelles».

Samedi soir, «un millier de personnes» munies de casseroles se sont réunies pour organiser une marche de protestation contre le recours, la veille, à des «Balatjis» avec la «complicité» d’agents d’autorité pour disperser une marche de contestation dans la commune rurale de Bni Boufrah.

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