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Grand Angle  

Parité en matière d’héritage : Après la polémique Abou Hafs, les déclarations de Benhamza

Mustapha Benhamza a rappelé jeudi l’«inexistence d’un texte international en matière d’héritage» avant d’estimer qu’il préfère «un dialogue sociétal» sur le sujet. Pour lui, «l’héritage n’est pas une entreprise commerciale» et toute «application stricte» comprend aussi des inconvénients.

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Mustapha Benhamza, président du Conseil des oulémas d'Oujda et membre du Conseil supérieur des oulémas du Maroc. / Ph. DR
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Le débat sur la parité en matière d’héritage est toujours un sujet d’actualité au Maroc, au lendemain de la sortie médiatique, la semaine dernière, d’Abdelwahab Rafiki, alias Abou Hafs. L’ancien salafiste, invité de la deuxième chaîne, avait déclaré qu’il était pour une parité en matière d’héritage. Interviewé par Yabiladi, Abou Hafs affirmait que sa position fait partie d’un projet qui vise à «critiquer les idées reçues et répandues et tenter de proposer une nouvelle lecture des textes religieux en phase avec les besoins de la jeunesse contemporaine, les actualités et les événements de l’époque actuelle».

Le dernier à se prononcer sur cette question épineuse n’est autre que Mustapha Benhamza, président du Conseil des oulémas d'Oujda. Invité jeudi de l’émission «Bila Taradoud» («Sans hésitation»), de la chaîne tangéroise Medi1 TV, le membre du Conseil supérieur des oulémas du Maroc a tenté d'apporter un éclairage concernant la position de plusieurs hommes de foi. «Ce discours n’est pas nouveau. Il n’existe aucun texte qui impose à ce que la femme devienne héritière de la façon présentée par les partisans dudit courant», débute-t-il son intervention.

«L’héritage n’est pas une entreprise commerciale»

Il rappelle donc que la part de l’héritage accordée à une femme dépend de la volonté du défunt ou de la défunte par le biais d’un testament. «Elle pourra donc hériter de la moitié de la succession ou de sa totalité, mais pour les musulmans, il faut qu’il y ait des règles», poursuit-il. Dans son intervention, Mustapha Benhamza rappelle l’«inexistence d’un texte international en matière d’héritage» avant d’estimer qu’il préfère «un dialogue sociétal», plutôt qu’une seule entité s’en empare. «Dans ce genre de question, il faut organiser des consultations et faire participer la société scientifique», dit-il avant de revenir sur la fameuse polémique lancée par Abou Hafs.

«Ce qui a été médiatisé est dit par des personnes qui n’ont, à la base, aucun savoir en matière d’héritage. Je le dis et j’assume la responsabilité. L’héritage n’est pas une entreprise commerciale. Il est mérité depuis la naissance de la personne.»

Les explications et les interprétations diffèrent quand on parle de parité

A la question du présentateur sur l’existence de la parité dans la Constitution et les conventions internationales ratifiées par le Maroc, le membre du Conseil supérieur des oulémas du Maroc estime que la première comprend des textes «modérés» et «pensés». «On parle de droits et libertés politiques, sociales, environnementales et culturelles mais selon les fondements du Royaume parmi lesquels la religion musulmane», déclare-t-il. Une conclusion qui permet d’insister sur la nécessité de «respecter la prévalence de la religion sur certaines questions».

«Nous ne sommes pas contre la parité. Toutefois, cette parité n’est pas la même pour les personnes. La parité est un principe, mais ses explications et ses interprétations diffèrent.»

Sur le deuxième point, Mustapha Benhamza va un peu plus loin. Evoquant les conventions internationales, il avance que «les Etats-Unis ne peuvent pas parler de parité lorsqu’il n’y a que cinq pays qui peuvent siéger dans le Conseil de sécurité». En enchainant, Benhamza évoque l’éventualité d’une «application verticale» de la parité.

«Doit-on interdire la pension d’un père sur sa fille non scolarisée même au-delà de ses 25 ans alors que cette pension s’arrête à cet âge pour le garçon ? Doit-on annuler l’obligation d’accorder une pension aux filles avant les garçons ? Doit-on enlever aussi la garde des enfants aux femmes bien qu’il s’agit d’un de leurs droits actuellement ?», s’interroge-t-il. Des questions qui sonnent plutôt comme des menaces que toute application stricte de la parité ne sera pas seulement destinée à accorder des droits mais qu’elle risque aussi de priver les femmes de certains acquis...

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