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Grand Angle

Mustapha Oukbih, le conteur du rêve hollandais n’est plus

Célèbre surtout pour sa connaissance pointue du Moyen-Orient et sa couverture médiatique dans les pays en guerre, Mustapha Oukbih, journaliste néerlando-marocain, est décédé ce 22 avril 2017 à l’âge de 53 ans. Portrait.

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Mustapha Oukbih est décédé ce 22 avril 2017 à l'âge de 53 ans. / Ph. NOS
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Connu pour avoir dédié sa vie au service du journalisme, Mustapha Oukbih voit le jour le 20 janvier 1964 à Rabat. A 11 ans, il rejoint les terres hollandaises dans le cadre d’un regroupement familial. C’est en 1975 qu’il s’établit donc à Amsterdam avec sa famille.

Si Mustapha Oukbih n’a jamais suivi de formation journalistique, reste que le journalisme est la principale activité qui rythme son quotidien. Il commence à écrire pour le «Buitenlanders Bulletin» («Le bulletin des étrangers»), une publication du Nederlands Centrum Buitenlanders (Le centre néerlandais pour les étrangers) et commence ainsi à s’intéresser à la question migratoire aux Pays-Bas.

Une carrière rythmée de passion

Dès 1985, il contribue au programme télévisé «Hollandse Nieuwe» («Le nouveau hollandais») créé et animé par de jeunes immigrés. Suite à cela, il mène une carrière de journaliste free-lance auprès de différents journaux dont Trouw et De Groene. En 1994, il est promu responsable de l’enseignement auprès du Centre néerlandais des étrangers ; une carrière qui ne l’enthousiasme pas et l’incite à revenir vers son premier amour, le journalisme. C’est là qu’il ajoute une flèche à son arc puisqu’il débute à la radio, un média qui l’accompagnera pendant près de 10 ans en plus de la télévision, notamment dans la réalisation de documentaires sur le monde arabe avec un accent particulier sur le Maroc, l’Algérie et la Jordanie, ainsi que la Turquie.

Ce qui fera sa renommée plus tard, c’est sa correspondance pour la télévision hollandaise NOS au Moyen-Orient, pour laquelle il travaille depuis Amman, la capitale jordanienne. Due à sa maîtrise parfaite de la langue arabe, cette correspondance lui a valu une couverture des événements dans 22 pays pendant sept ans. Il deviendra l’un des rares journalistes néerlandais à couvrir les scènes de guerre de cette partie du globe, en particulier la guerre en Irak et en Palestine occupée. Une passion qu’il vivra de 2003 à 2010, date à laquelle il est contraint d’arrêter l’exercice de ce métier des suites d’une grave et longue maladie. En 2010, en rentrant aux Pays-Bas, il devient rédacteur en chef de NOS Nieuws jusqu’à ce que la maladie l’emporte le 22 avril 2017 à Amsterdam à l’âge de 53 ans.

Le rêve hollandais conté par Mustapha Oukbih

En 1989, le Rbati remporte, aux côtés de la journaliste Elma Verhey, le prix des médias ADO pour leur série d’articles portant sur le multiculturalisme parue le 26 décembre 1987 et intitulée «De Hollandse droom» («Le rêve hollandais»). Le prix décerné est une consécration réservée aux productions professionnelles des médias qui apportent un souffle et un regard nouveau sur la société multiculturelle néerlandaise.

«De Hollandse droom» de Mustapha Oukbih et Elma Verhey. / Ph. Bert Nienhuis«De Hollandse droom» de Mustapha Oukbih et Elma Verhey. / Ph. Bert Nienhuis

Tout au long de ce projet, le journaliste a retracé le voyage et les tranches de vies de plusieurs Marocains, dont il relate les espoirs, les rêves mais aussi les difficultés. A travers ces parcours de vie, Mustapha Oukbih et sa collaboratrice couchent sur papier les attentes de ces immigrés. Etant lui-même immigré, Mustapha Oukbih a su mener à bien cette mission puisqu’en plus d’être récompensé pour ce long travail, il perdure à titre posthume aujourd’hui.

En effet, en hommage posthume à Mustapha Oukbih, ce travail en mémoire de la première génération de travailleurs immigrés marocains des Pays-Bas a été, de nouveau, mis en ligne par le site d’information néerlandais Vrij Nederland.

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