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Grand Angle  

Du Maroc à l'Iran, le surf comme vecteur des valeurs féministes

De plus en plus de femmes musulmanes se jettent à l'eau pour surfer, bravant les interdits qui s'imposent parfois à elles. 

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Leila Achir (à g.) et sa fille Hiba Achir. / Ph. Mary Mathis pour Outside
Temps de lecture: 2'

Dans le milieu des surfeurs, l'info est connue de tous : la côte atlantique marocaine possède une partie des meilleures vagues au monde. Ces dernières années, des surfeurs professionnels de la région ont été propulsés sur la scène mondiale, mais jamais des femmes, relève le magazine américain Outside.

Cette année pourtant, le Grand prix de l'Agadir Open a accueilli une division entièrement féminine - une première depuis la création de cette compétition nationale de surf il y a sept ans. Ainsi, dix femmes se sont affrontées sur les vagues pendant trois jours lors de ce concours qui a débuté le 24 mars dernier. Meryem El Gardoum, originaire de Tamraght près d'Agadir, a remporté la victoire face à quatre concurrentes dans la catégorie des 13-38 ans. Elle avait déjà été consacrée championne du Maroc en 2013, d'après le Huffington Post«J’ai débuté à l’âge de 11 ans, j’ai commencé par le boogie, je m’amusais dans l’eau avec mes amis puis ma relation avec le surf a commencé à prendre plus d’importance», rappellait-elle. 

En septembre 2016 également, la Fédération royale marocaine de surf (FRMS) avait organisé sur une plage de Casablanca la seconde édition du Quicksilver Pro, une étape des Qualifying Series, le circuit qualificatif de la World Surf League. L'évènement avait été marqué par par le lancement d'une épreuve féminine, première compétition du genre au Maroc, selon l'AFP.

Deux Marocaines avaient pris part à l'épreuve. «Le surf féminin de compétition est encore timide au Maroc, mais il fait son chemin dans les loisirs, de plus en plus de jeunes femmes vont sur les vagues», expliquait Laurent Miramon, directeur de la compétition.

Le surf comme un vecteur des valeurs féministes

Les Marocaines qui se sont confrontées à cette occasion ne sont pas les seules femmes à avoir embrassé le surf dans le monde musulman, poursuit Ouside. Exemple : le Bangladesh. Pendant deux ans, la photographe américaine Allison Joyce a suivi un groupe de huit filles âgées de 10 à 15 ans qui ont opté pour cette pratique sportive pour échapper aux mariages précoces et au travail forcé, rapporte le magazine Terra femina.

«Lorsqu'elles surfent, c'est le seul moment où elles ont la possibilité d'être des enfants, d'avoir confiance en elles et d'en attendre plus de leurs vies», expliquait la photographe à The Independent, en septembre 2016. «Lorsqu'elles sont sur l'eau, c'est une coupure avec tout ce qui se passe sur terre. Elles sont intouchables.[ ...] Elles ne peuvent pas expérimenter cette liberté, hors de l'eau», ajoute la photojournaliste.

Autre exemple : l'Iran. En 2014, la documentariste et surfeuse française Marion Poizeau avait réalisé un documentaire sur les Iraniennes qui se jettent à l'eau pour surfer. «Les religieux ont d’abord exigé que les femmes ne surfent pas avec les hommes, que la plage soit partagée. Mais l’océan ne fait pas de différenciation. La force de la vague nous a réunit. Et personne n’y a trouvé à redire», confiait-t-elle à l'Obs.

«Into the sea» avait été sélectionné au Festival international du film documentaire, organisé à Téhéran en décembre 2014. Une décision qui détonnait, le sport féminin n'étant pas diffusé à la télévision iranienne. En revanche, aucune chaîne française n'a pour l'heure souhaiter porter le documentaire sur le petit écran. «[Il] offre un autre regard sur l’Iran, un regard auxquelles les télés ne sont pas habitués. Le film est sans doute trop positif pour certaines chaînes et c’est dommage.»

Article modifié le 2017/04/23 à 16h49

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