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Grand Angle

Au Maroc, la pluie fait-elle encore la croissance ?

Le Salon International de l’Agriculture Marocaine qui se tient du 18 au 23 avril à Meknès sonne comme chaque année l’heure des comptes. Avec les abondantes pluies de l’automne, la récolte de céréales sera bonne. Soulagement dans tous les secteurs de l’économie. L’agriculture voit pourtant se réduire son influence sur la croissance économique du pays.

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La croissance de moins en moins sensible aux pluies ? / DR
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La grand-messe de l’agriculture marocaine s’est ouverte, comme chaque année, à Meknès, sous la houlette du ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch. L’occasion, comme toujours de dévoiler les très attendus chiffres de la campagne agricole en cours. Combien de pluies, combien de quintaux de céréales, combien de points de croissance ? Le raccourci est toujours vite fait au Maroc, ou la phrase de Théodore Steeg, résident général de 1925 à 1929, continue de raisonner : «Au Maroc gouverner c’est pleuvoir». Cette année, pourtant, 102 millions de quintaux de céréales d’automne ne devraient apporter que 3,6% (selon le HCP) à 3,8% de croissance (selon la Banque mondiale), alors qu’en 2010, pour la même production, le taux de croissance était supérieur d’un point.

Par un graphique édifiant rendu publique mardi 18 avril 2017 dans son rapport semestriel de suivi de la situation économique dans la région MENA, la Banque mondiale rappelle combien la croissance économique du Maroc reste liée à son secteur agricole.

La pluie ne fait plus autant le beau temps économique

Cependant, sur une quarantaine d’années, il faut souligner à quel point cette influence -toujours bien réelle- de la pluviométrie et des céréales sur l’enrichissement du pays s’est réduite. «Preuve en est la réduction de l’amplitude de la croissance économique entre les bonnes et les mauvaises années agricoles», souligne Fouzi Mourji, professeur d’économétrie appliquée à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de l'Université Hassan II. «Quand la croissance économique variait entre 8 ou 10% à son meilleur et -5 à -10% pendant les pires années, elle ne varie plus aujourd’hui qu’entre 4 ou 5% et 1 ou 2% aujourd’hui», souligne également Najib Akesbi.  

Les courbes ont été dessinées sur la base des données du ministère de l'Agriculture et de la Banque mondialeLes courbes ont été dessinées sur la base des données du ministère de l'Agriculture et de la Banque mondiale

A la fin des années 1990 la courbe de la croissance économique marocaine épousait presque parfaitement celle de la croissance de la production céréalière, donnant lieu à des oscillations considérables d’une année sur l’autre. Au début des années 2000 les deux courbes sont de moins en moins liées. Si la production céréalières continue à varier dans les mêmes proportions que par le passé d’une année sur l’autre, en raison des variations météorologiques, du moins la croissance s’est «stabilisée». L’influence d’une bonne ou d’une mauvaise récolte ne se compte plus que sur un ou deux points de croissance.

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