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Interview  

Maroc : Tarik El Mlih se lance un nouveau défi en mode «Forrest Gump» [Interview]

A 41 ans, Tarik El Mlih est LE sportif marocain spécialiste des courses de longues distances. Ce père de 3 enfants court quelque 3 000 km par an et compte en courir le tiers en septembre prochain en seulement 10 jours. Une première au niveau national et continental, que le sportif compte réaliser dans le seul but de sensibiliser et encourager. Interview.

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Tarik El Mlih se lance un nouveau défi pour fin septembre 2017. /Ph. Tarik El Mlih
Temps de lecture: 4'

Celui que tout le monde surnomme aujourd’hui le «Forrest Gump Marocain» revient avec un nouveau défi et à entendre sa détermination plus rien ne l’arrête. Traverser le Maroc, de Casablanca à Lâayoune, en courant et en seulement 10 jours, quoi de plus normal pour ce quadragénaire. Un challenge qu’il compte relever et qui en ferait l’un des plus grands exploits sportifs de l'année 2017.

Tarik El Mlih vous êtes un grand challenger dans l’âme. Quel est ce nouveau défi que vous vous lancez ?

Le défi, c’est courir 1000 km sur 10 jours sans interruption et sans repos, c'est-à-dire chaque jour 100 km de Casablanca à Lâayoune sur la route côtière, le littoral. Et entre les deux villes, le littoral fait à peu près 1298 km mais on va faire des transbordements, je cours 100 km et je monte dans la voiture. Il y aura un gps qui va témoigner de ça, il y aura un suivi par une balise gps aussi et il y aura une caméra avec moi chaque jour. 100km c’est 10h à 11h de course chaque jour non stop. Pour information, je suis parmi les meilleurs marocains sur la distance de 100km, j’ai été classé 22ème.

Vous suscitez énormément de motivation aux gens qui vous suivent, mais qu’est-ce qui vous motive vous ? Qu'est-ce-qui vous fait courir ?

Quand vous regardez le quotidien de nos concitoyens, nos frères, nos sœurs, ce n’est pas toujours flatteur. Les gens sont ligotés dans leur zone de confort, ils n’arrivent ni à bouger ni à faire de l’exercice et c’est là où les maladies se développent : l’obésité, le diabète, l’hypertension… Moi je veux donner un peu d’espoir au gens pour qu’ils bougent plus et surtout les gens malades, ceux qui n’arrivent pas à faire du sport. Je me dis que s’ils voient qu’un des leurs court 100 km par jour alors pourquoi pas eux. Michelle Obama a fait une campagne appelée «Let’s moov», moi je n’ai pas ce poids là mais à mon niveau je peux donner l’exemple par mes actions.

Je suis un citoyen, j’ai été primé personnalité de l’année 2015 par la MAP dans la catégorie initiative citoyenne développement humain et de là découle ma responsabilité envers ces personnes qui me suivent.

La vidéo relatée sur votre compte Facebook est un appel aux sponsors et partenaires, si vous ne trouvez personne renonceriez-vous à relever le défi ?

Je n’ai pas de sponsors, je n’ai pas de partenaires, mais je vais vous dire même sans cela : Never Give Up ! Alors j’ai pensé à une chose, ce serait d’imprimer des t-shirts «Never Give Up Tarik El Mlih et 1000 km en 10 jours» que je vendrai avec une petite marge qui m’aidera dans la réalisation de mon challenge.

C’est une course qui demande des mois de préparation, quand feriez-vous ces 1000 km ?

Fin septembre, car oui ça demande beaucoup de préparation et d’entrainement, de la kiné aussi. J’ai une kiné personnelle, j’ai un nutritionniste et j’ai aussi un cardiologue, je suis bien suivi. Je suis bien encadré certes mais je ne travaille pas, je ne suis que coach sportif corps et bien être, je gagne donc ma vie assez difficilement. Je n’ai pas les moyens de réaliser mes rêves mais je veux essayer de le faire.

Vous êtes beaucoup suivi et surtout sur les réseaux sociaux. Ces personnes qui vous suivent vous prennent-elles pour exemple ou modèle...

Beaucoup de gens, des collègues, j’ai créé le club des marathoniens et maintenant j’ai des followers qui me suivent sur Facebook, sur Twitter, des gens que je rencontre aussi. Il y a beaucoup de gens qui me prennent comme exemple et je trouve que c’est une très grande responsabilité. Premièrement, ça découle de moi de l’intérieur car c’est ma passion et le deuxième motif à mon action c’est le fait qu’on me suive, que les gens m’encouragent dans ma démarche et me voient comme un modèle ; même si je n’aime pas ce mot modèle parce que chacun a son propre modèle. Mais en même temps, ils te regardent, tu les impressionnes, tu leur donnes envie de bouger. Les personnes qui me suivent sur Facebook voient chaque jour ce que je mange par exemple et si ils mangent quelque chose de pas sain ils vont automatiquement culpabiliser. Et je me dis souvent que le trio de la santé pour tout marocain, pour tout humain, c’est : l’assiette, les baskets et la tête.

La tête, c’est être tranquille, prendre la vie comme elle est et surtout être de bonne humeur et être motivé, c’est le challenge de la vie. L’assiette, c’est ce que vous mettez dans votre bouche, le carburant dans votre organisme. Les baskets, l’exercice, ce n’est pas forcément la course à pied, vous pouvez même marcher, ou au moins chausser vos baskets !

Tarik El Mlih, vainqueur du Tizi'n Trail. /Ph. Tarik El MlihTarik El Mlih, vainqueur du Tizi'n Trail. /Ph. Tarik El Mlih

Tarik El Mlih, vous n’êtes pas à votre coup d’essai et ce challenge n’est pas le premier défi que vous relevez. Quels sont les défis antérieurs que vous aviez déjà relevés ?

J’ai fait le «30 marathons en 30 jours», c’était une première sur le continent africain. J’ai fait les 100 km de Millau et sinon j’ai récemment gagné la course Tizi’n Trail qui est une course internationale qui s’est déroulée au Maroc début avril, où j’étais face à 150 concurrents de 9 nationalités. 

Depuis combien de temps relevez-vous ce genre défi ?

Ça fait à peu près cinq ans, j’ai pris conscience que beaucoup de gens me disent : "tu es toujours optimiste, tu souris tout le temps, d’où tiens-tu cette énergie ?" Et c’est là que j’ai compris que les gens ont besoin de motivateurs, de modèles et de prendre conscience que tout ce que l’on cherche à l’extérieur est à l’intérieur de nous-mêmes en réalité. Y a pas besoin d’aller dans le Nevada pour être bien ; qu’on aille même en Floride, si on garde une mentalité pessimiste cela ne changera rien. Il faut être heureux et cohérent avec soi-même, prendre conscience que tout ce dont nous avons besoin est à l’intérieur de nous-mêmes.

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