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Interview

«Morocco Jazz» de Julie Ricossé, une BD où se croisent le Destin et l’Histoire

L’illustratrice Julie Ricossé est l’auteure de la bande dessinée «Morocco Jazz», une œuvre d’une centaine de pages qu’elle a présentée au Salon du Livre de Paris, qui a pris fin le 27 mars. Interview avec une créatrice du neuvième art qui a tissé dans son imaginaire des vignettes retraçant les péripéties du Maroc des années 50.

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Image de couverture de «Morocco Jazz», une bande dessinée de Julie Ricossé.
Temps de lecture: 2'

Julie Ricossé, 35 ans, n’aurait pas imaginé écrire un livre sur le Maroc sous forme de bande dessinée. C’est pourtant à Nice, où elle réside, qu’elle a commencé à se pencher sur le destin de ses personnages.

Comment avez-vous été amenée à écrire «Morocco Jazz» ?

J’habite dans une ville où il y a beaucoup de gens différents. A Nice, lorsqu’on commence à discuter avec des personnes d’origines diverses, notamment celles issues des pays du Maghreb, il faut avoir une certaine passion pour qu’ils nous confient leurs rêves. Ça permet d’avoir avec eux une conversation agréable. Il y a aussi plein de choses à hériter de notre passé en commun, qu’il faut apprivoiser et dépasser pour avoir un rapport humain franc et chouette.

Cela m’a poussé à m’intéresser à l’Histoire de la France et de ses anciennes colonies. J’avais envie de faire une histoire sur les petites gens et de décrire la manière dont ils subissent la grande Histoire, au sein de laquelle ils jouent un rôle.

Il y avait une dame qui me gardait (quand j’étais petite) et qui m’avait raconté qu’elle avait dû quitter le Maroc quand elle était jeune en laissant tout derrière elle, sans plus. C’est peut-être pour ça que je suis allée plutôt sur l’histoire du Maroc.

Comment vous êtes-vous imprégnée des décors ?

Il y a beaucoup de photographies sur ce Maroc - même ici en France -, mais aussi des livres de cette époque précédant l’indépendance qui parlent du Maroc, une période pendant laquelle les gens se demandaient ce qui allait se passer.

Il y a également plein de journaux qu’on peut lire. Je me suis surtout beaucoup documentée, j’ai écrit l’essentiel de l’histoire et je suis allée à Casablanca pour compléter mes informations. La Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud m’a prêté des photos qui figurent dans le livre à la fin, dans une petite partie documentaire. L’Institut français de Casablanca m’a aussi aidé dans mes recherches.

Julie Ricossé, auteure de «Morocco Jazz». / DRJulie Ricossé, auteure de «Morocco Jazz». / DR

Quelle histoire raconte le livre ?

C’est l’histoire de gens sans importance qui veulent juste vivre leur vie, mais comme il y a autour d’eux une situation de crise qui va déboucher sur l’indépendance du Maroc, ça devient très mouvementé et ils finissent par se retrouvent pris dedans. J’ai essayé de donner plusieurs points de vue des événements.

Ce sont les années 50, les années folles au Maroc avec le jazz et cet air d’indépendance…

La musique jazz évoque un peu cette époque comme l’idée qu’on s’en fait. Le jazz, c’est aussi de l’improvisation, de la gaieté et du drame. Ça résumait l’esprit que je me fais de cette histoire que je raconte ; un esprit général.

Le jazz évoque aussi un air d’affranchissement…

A cette époque, les femmes commençaient à réclamer une place différente dans la société. Il y a donc des portraits de femmes qui font des choix de vie différents. Tout comme leurs concitoyens masculins, elles demandent l’indépendance de leur pays. C’est une sorte de similarité entre les deux.

Julie Ricossé

Julie Ricossé est née en France le 23 avril 1981. Après une formation universitaire de dessin, elle a débuté sa carrière en illustrant des livres pour enfants pendant une dizaine d’années. Elle nous confie ce lundi que ses autres livres en bande dessinée ne ressemblent pas à Morocco Jazz. «Ce livre a été long à réaliser», nous apprend-t-elle.

Article modifié le 2017/04/03 à 23h53

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