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Nomad #18 : Musée Dar Jamaï, palais du vizir mais pas que…

Yabiladi vous propose un saut dans le passé, au temps des vizirs et de leurs palaces à couper le souffle. Immersion dans le palais Dar Jamaï à Meknès.

Publié
Le musée Dar Jamaï. / Ph. Olivier et Pascale Noailler/ Flickr
Temps de lecture: 3'

La ville historique de Meknès est classée patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996. La cité impériale regorge de trésors architecturaux et historiques. Le musée Dar Jamaï en est un exemple concret. Situé sur la place Lehdime, impossible de le rater lors de la tournée sur les endroits à visiter dans la vieille médina de Meknès.

Le palais est sublime, plusieurs pièces se succèdent autour d’un jardin intérieur de type andalou à la verdure abondante, où fleurs, palmiers, orangers et autres arbres fruitiers cohabitent autour de mini fontaines. La mosaïque sur le sol transporte dans un autre temps. Un pavillon de plaisance ajoute un charme particulier au lieu. Au coin du jardin se trouve un kiosque pour musiciens avec des peintures d’une époque lointaine. Les chants des oiseaux donne une dimension paisible à l’endroit qui est tel un oasis au milieu de l’activité incessante de la place Lehdime. La demeure témoigne de la richesse du temps des familles makhzeniennes du 19ème siècle.

Au début de la visite, un long couloir d’une exposition permanente s’annonce avec des armes, des boiseries et céramiques du siècle dernier, entre autres. Le rez-de-chaussée est un espace privé qui comprend patio, chambre et cuisine. Les différentes pièces du palais ont chacune une thématique, par exemple la cuisine est enrichie en objets d'époque qui servaient aux domestiques. A l’étage, des Corans et manuscrits sont exposés, puis à quelques pas, la chambre du vizir telle qu’elle était agencée à l’époque. Le musée est une ode aux métiers traditionnels de Meknès : bois de cèdres sculpté et peint, mobiliers d’architecture, broderies de la ville impériale, caftans, bijouterie citadine et céramique.

Une des pièces du musée Dar Jamaï. / Ph. Zaïnab Aboulfaraj - Yabilad.comUne des pièces du musée Dar Jamaï. / Ph. Zaïnab Aboulfaraj

Palais, hôpital et enfin musée

La demeure est une résidence palatiale construite en 1882, apprends-on sur le site du ministère de la culture. «Le palais appartenait à Mohamed Ben Larbi Jamaï, grand vizir du sultan Hassan I (qui a régné de 1873 à 1894, ndlr)», indique la même source. Le vizir tomba malade et dû quitter Meknès pour se soigner à Fès. Son frère Hadj Maâti pris le relais et occupa la bâtisse. Alors que Moulay Abdel Aziz succéda au sultan Hassan I, Ahmed Ben Moussa Ben Ahmed pris le pouvoir et devint grand vizir.

Des rivalités familiales menèrent à l’arrestation de Hadj Maâti, et sa condamnation à Tétouan où il croupit en prison jusqu’à la fin de ses jours. Suite à cette épisode, la famille Jamaï tomba en disgrâce, «fut dépouillée de ses biens qui ont été confisqués et distribués», précise le site. Dar Jamaï devint la propriété de Madani El Mezouari Glaoui, grande figure au pouvoir incontesté durant la période du protectorat français. Ce dernier n’y mis cependant jamais les pieds.

La chambre du vizir Jamaï. / Ph. Zaïnab Aboulfaraj - Yabiladi.comLa chambre du vizir Jamaï. / Ph. Zaïnab Aboulfaraj

En 1912, la partie centrale du palais devint l’hôpital Louis lors du protectorat français et la partie droite fut convertie momentanément en hôpital militaire. Quelques temps plus tard, cette partie devint «Service des arts indigènes». En 1920, la bâtisse devint musée (sous l’appellation «Musée des arts indigènes», ndlr) grâce à son attribution à l’inspection régionale des Beaux-arts. En novembre de la même année, un dahir classe l’endroit comme monument historique. Une école de broderie fut créée dans la foulée dans un local attenant au musée. Ahmed Margaa, conservateur du musée Jamaï contacté par Yabiladi, informe que le palais a été alimenté en eau potable et électricité en 1947. L’artisanat pris fin en 1958. Depuis ce temps là les collections du palais n’ont cessé de s’enrichir par les acquisitions de l’Etat.

A présent, une collection permanente agrémente les lieux sous le nom «Arts et métiers traditionnels de Meknès», où des objets ethnographiques datant de 1917 sont exposés. C’est un témoignage du savoir-faire artisanal de la ville impériale et de sa région. Selon le conservateur du musée Jamaï : «46 300 personnes ont visité les lieux, dont 9670 enfants», précise-t-il. «Il fait une superficie totale de 1 090 m2», ajoute-t-il.

Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9h à 16h. Les tarifs varient de dix dirhams pour les adultes à trois dirhams pour les enfants. Il est à noter que le vendredi, l’accès est gratuit pour les Marocains.

Plan du musée Jamaï. / Ph. FNMPlan du musée Jamaï. / Ph. FNM

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