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C’est l’histoire d’une marque naissante qui a commencé en France puis s’est développée au Maroc. Baptisée «l’Artisan», il s’agit d’une savonnerie artisanale, lancée fin 2016 et dirigée aujourd’hui par Ibrahim Ourich. Sa sœur, qui était à l’origine de l’idée, lui avait confié en 2008 la petite entreprise «Bulles et Huiles» qui dispose actuellement de quatre magasins à Rabat et à Marrakech.
Des matières nobles
Aujourd’hui, l’Artisan savonnier, ex-assureur et ingénieur textile de formation, présente une gamme de 50 savons produits exclusivement à base d’huile d’Argan ou d’autres extraits : musc, gingembre, chocolat, fenouil, laurier, pierre d’alun, vanille, fleur d’oranger, rose de l’atlas… «Tout ce qu’on trouve chez l’herboriste, vous le retrouverez dans notre gamme de savons», ajoute le patron de la jeune entreprise.
En plus des savons qu’Ibrahim développe, d’autres créations cosmétiques trouvent leur place sur les étagères de sa boutique, notamment des huiles, des baumes et des crèmes. Les huiles nobles mélangées à la cire d’abeille, à l’origine de ces produits, proviennent de l’argan, graine de Nigel, noix de coco, amande, sésame et ricin. Selon la disposition des huiles essentielles, l’artisan rajoute parfois l’huile de Néroli, assez coûteuse, qui sent très bon et qui hydrate. Une huile «à utiliser le soir», conseille-t-il.
Du savon à base de chocolat. / Ph. Mounira Lourhzal
«S.A.F» : Saponification à froid
Mais qu’est-ce qui différencie le savon artisanal du reste des savons industriels que l’on retrouve sur le marché ? C’est la saponification à froid, un procédé de fabrication, qui différencie le savon artisanal du reste des savons, répond notre interlocuteur. Pour les produits industriels à base de glycérine, la fabrication se fait à chaud alors que le mélange du savon artisanal se fait dans une température avoisinant les 40° Celsius.
En utilisant uniquement des huiles et de la soude caustique (un dérivé du sel), la glycérine du savon artisanal est naturelle car elle provient uniquement de la saponification. Cette matière visqueuse donne l’aspect d’une hydratation de la peau, nous explique-t-il.
Dans le savon à chaud, la glycérine reste très faible, ce qui augmente le risque de subsistance de particules de soude caustique dans la peau. Cette même glycérine n’est pas toujours d’origine végétale. Elle peut même être d’origine pétrolière, nous apprend-t-il.
«Nos savons sont neutres mais n’ont pas un pH 7 contrairement à ce qu’avance tout le monde. Ils sont à un pH de 8,5. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a une zone tampon d’un pH qui va de 6 à 8,5 et peut aller jusqu’à 9».
Le seul label dont bénéficie le fabricant est le français «S.A.F», Saponification à froid, qui atteste dudit procédé. Il nous apprend qu’il a commencé l’homologation avec le ministère de la Santé marocain. Un pas que très peu de fabricants décident de franchir, rappelle-t-il.
Un moule de fabrication. / Ph. Mounira Lourhzal
Le «Made in Morocco» artisanal
Le savon artisanal est produit trois fois par semaine dans le petit atelier, à raison de 30 à 40 kilos pour chaque préparation. Le fabriquant souhaite vendre ses savons dans les parapharmacies ou les exporter aux Etats-Unis. Une opération qui nécessite l’élargissement de sa structure afin de répondre aux besoins de ce marché.
En outre, le label d’origine «Made in Morocco» est en cours de finalisation, pour attester de l’authenticité du produit. D’ailleurs, ce ne sont que 1 000 entreprises artisanales qui bénéficient de cette labélisation. Le savon au Maroc ne l’est toujours pas.
Ces produits, que le chef d’entreprise considère comme des œuvres, sont commercialisés à partir de 25 dirhams la pièce, un prix baissé pour démocratiser ce savon au Maroc.
Le 27 avril prochain, Ibrahim Ourich vendra ces savons à 10 euros la pièce à la Foire de Paris. Un prix qui reste abordable, conclut-il.
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