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Grand Angle

Limogeage de Benkirane : Hassan Bennajeh d’Al Adl Wal Ihsane dit regretter «l’autonomisation de la tyrannie»

Alors que le secrétaire général du Parti de la justice et du développement, limogé mercredi soir par le roi Mohammed VI, a indiqué ce jeudi que le Conseil national du PJD se réunira ce samedi, Hassan Bennajeh a estimé que tout tend vers les intérêts du Makhzen. Détails.

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Hassan Bennajeh, membre du secrétariat général du cercle politique d’Al Adl Wal Ihsane. / Ph. DR
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Le limogeage d’Abdelilah Benkirane «n’a pas seulement été prévisible. Il s’agit en fait de l’unique réalité possible puisque rien n’a changé dans la logique du Makhzen». C’est ce qu’a estimé ce jeudi Hassan Bennajeh dans une déclaration accordée à Yabiladi. Le membre du secrétariat général du cercle politique d’Al Adl Wal Ihsane (AWI) a tiré à boulets rouges sur le Makhzen, affirmant que ce dernier opte pour les mêmes méthodes entreprises avec le gouvernement d’alternance d’Abderrahman El Youssoufi.

«En 2011, le vent du printemps arabe était tellement fort que le système marocain s’était incliné face à la tempête. Malheureusement, certains l’ont aidé dans cette inclinaison. Pour nous, depuis le début, il n’y avait aucune indication démontrant la volonté ou le désir du Makhzen d’abandonner ne serait-ce qu’une petite partie du pouvoir qu’il monopolise, tout comme les richesses et les avantages qui vont avec», soutient Hassan Bennajeh.

Selon lui, l’après 2011 s’est démarqué par les «mêmes ingrédients de la tyrannie, notamment la Constitution qui reste absolument loin de la démocratie puisqu’elle réserve les mêmes pouvoirs au monarque, tandis que le gouvernement (…) ne gouverne toujours pas». «C’est le roi et son entourage qui gouvernent. Ce n’est que lorsque le Makhzen s’est assuré qu’il avait dépassé la période de crise et les pressions de 2011, qu’il a montré son vrai visage», poursuit-il.

«Aujourd’hui, le Makhzen reproduit la même expérience entreprise avec le gouvernement d’alternance. Dans sa logique, la nécessité et la pression peuvent expliquer le recours aux services d’une partie ou d’une autre, non seulement pour un changement vers la démocratie, mais seulement pour la gestion d’une étape et la reproduction de la tyrannie. Il (le Makhzen, ndlr) n’accepte pas qu’on dise qu’il y a une partie quelconque qui lui a rendu un service de réanimation ou de sauvetage.»

«Entamer la réforme avec des outils périmés ou corrompus», mission impossible

D’après le membre du secrétariat général du cercle politique d’Al Adl Wal Ihsane, «ce qui se passe aujourd’hui n’est qu’un chapitre où la tyrannie se montre avec une apparence claire, une apparence qui n’a pas changé tout au long des dernières années». Hassan Bennajeh n’a pas manqué de fustiger également ceux qui préconisent une approche démocratique, arguant que cette méthodologie nécessite deux ingrédients essentiels : «Une volonté populaire, qui est la base et conforte la souveraineté, et une Constitution mise en place par un organe constitutif et non un texte offert», explique-t-il.

Revenant à la situation actuelle avec le limogeage d’Abdelilah Benkirane, le militant de la Jamaâ persiste et signe : «Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est une tyrannie méthodique avec une méthodologie qui colore ses chapitres. C’était déjà très clair lors de l’expérience de Monsieur Abderrahman El Youssoufi, puisque la tyrannie n’accepte que d’être absolue». Il ajoute qu’il est «impossible d’entamer la réforme avec des outils périmés ou corrompus. Ce que l’on vit actuellement le démontre».

«Certains ont fait des concessions au Makhzen, notamment avec des services et des décisions difficiles prises au détriment de la situation sociale du peuple marocain. En dépit de tous ce qui a été fait, cela n’a pas satisfait le Makhzen qui n'accepte la tyrannie que sous la forme qu’il souhaite.»

Hassan Bennajeh émet le souhait que la conjoncture politique actuelle soit «une autre occasion de ne pas rater des occasions et du temps». «La seule solution est celle qui est apparue très claire, et pour laquelle le peuple a investi les rues : la mutualisation des efforts de tout le monde pour emprunter de vraies portes, et pas seulement des fenêtres et des égouts», défend-t-il.

Et du conclure : «Notre problème, ce n’est pas le limogeage d’un gouvernement et l’arrivée d’un autre. Même sans blocage, ou avec une réorganisation des élections, le résultat reste le même : l’autonomisation de la tyrannie, ni plus ni moins.»

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