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Interview

Aux origines de l'engouement international pour le film marocain «Petit Bonheur» [interview]

«Petit Bonheur», film marocain du réalisateur Mohamed Chrif Tribak a la côte auprès des festivals internationaux. Quelles sont les raisons du succès pour ce film d’époque ?

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Mohamed Chrif Tribak. / Ph. Facebook
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Le film «Petit Bonheur» fait son bout de chemin à l’international. Beaucoup de festivals ont fait appel à Mohamed Chrif Tribak pour faire partie de leur sélection. Le film a gagné plusieurs prix nationaux et internationaux. Présent lors du festival d'Oslo lors des prochains jours, Malmö en Suède, mais aussi Paris, «Petit Bonheur» a également fait le tour des festivals nationaux (Oujda, Tétouan). Nous avons voulu comprendre l’engouement autour de ce film d’époque. Interview du réalisateur Mohamed Chrif Tribak. 

D’où vient le succès du film «Petits Bonheur» ?

Mohamed Chrif Tribak : C’est un film qui montre la particularité de la culture marocaine. Le film se passe dans un décor traditionnel avec une musique typique des années 50. Un film contemporain n’aurait pas eu le même accueil. «Petit Bonheur» montre le Maroc tel qu’il a été imaginé par l’imaginaire européen.

Que ressentez-vous à l’idée de porter les couleurs du Maroc à l’international ?

Je suis fier de les porter en tant qu’individu représentant mon pays. C’est une responsabilité, ça montre qu’on ne peut pas être que différents. On peut dire que le Maroc est fort de sa diversité. C’est cette singularité qui fait qu’un pays est représenté en tant qu’image. Le fait d’être sélectionné dans des festivals internationaux est déjà un prix. Le plus important pour moi c’est de partager mon travail avec le public marocain, arabe et international. Ces projections à travers le monde permettent d’intéresser un potentiel distributeur à l’international.

Scène de tournage de Petit bonheur. / Ph. Mohamed Chrif Tribak

Comment avez-vous eu l’idée de faire ce film ?

J’ai eu l'idée en concevant un court-métrage qui reprend le même univers : un Maroc traditionnel avec la musique de «Hadra» (musique maroco-andalouse, ndlr). Auparavant j’avais fait que des films contemporains racontant le présent. J’ai senti ce besoin de faire un film d’époque marocain, ce qu’on appelle aussi un film de costumes. Nous avons une culture qui fait la particularité et la richesse de notre pays et nous avons de belles musiques. C’est vraiment un beau prétexte pour faire un film autour de ça. Et bien-sûr le thème central du film c’est la femme, c’est elle qui porte le projet.

Qu’en est-il de l’homosexualité féminine qui est abordée dans le film ?

C’est sous-entendu dans le film, on le comprend très bien, mais on ne montre rien du tout. En terme visuel et sonore il n’y a rien de direct. Quand on fait un film sur les femmes, en plus dans les années 50, ça donne ça. Les femmes vivaient ensemble, il existait un fossé entre le monde des hommes et celui des femmes. J’ai découvert au fil de mes recherches que les femmes étaient beaucoup ensemble et du coup plus intimes. J’ai trouvé que dans la ville de Tétouan, des femmes avaient des relations très «intimes». Pourtant, c’était toléré dans la société de l’époque.

Pour moi c’est une métaphore du degré d’intimité et la complicité qui peut exister entre les femmes. Cela peut être parfois très dur : plus deux personnes sont intimes, plus le conflit peut devenir difficile.

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