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Grand Angle  

La rocambolesque histoire de Mehdi Boukillou, étudiant en droit accusé de terrorisme

Mehdi Boukillou a 25 ans et se retrouve derrière les barreaux pour la deuxième fois avec une seule et même accusation : des liens présumés avec le terrorisme. Sur les réseaux sociaux, son arrestation fait l’objet d’une campagne de soutien revendiquant sa libération, comme ce fut le cas une première fois en 2010. Détail ? Le jeune Doctorant avait entrepris de constituer un parti politique…

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Le 7 mars 2017, la police est venue chercher Mehdi Boukillou, nous explique Maître Naima Ghellaf, qui est chargée de son dossier : «il est accusé en vertu de la loi anti-terroriste d’avoir constitué un gang criminel et de préparer des opérations terroristes à l’encontre de l’ordre public».

Le procureur du roi a reçu l'accusé, la semaine dernière ainsi que le juge d’instruction, sa première audience aura lieu le 6 avril, continue l’avocate qui n’a pas pu s’entretenir avec lui en privé : «On lui a demandé pourquoi il voulait créer un parti politique et pourquoi il n’avait pas rejoint l’un des partis politiques qui existent déjà au Maroc.

Mehdi aurait signé sous la contrainte, un procés verbal qu’il n’a pas pu lire. Son entourage dénonce les «tortures» dont il a fait l’objet et qu’il a confirmé par la suite auprès de sa défense, il est aujourd’hui incarcéré à la prison de Salé dans une cellule individuelle, sans couvertures ni lumière, selon la mère du détenu.

Un nouveau parti politique

C’est la volonté de créer un nouveau parti politique qui serait à l’origine de l’arrestation, selon le «Comité soutien Mehdi Boukillou», une page Facebook créée au nom du détenu pour réclamer sa libération. La protestation gronde chez les amis sensibilisés à sa cause pour dénoncer «l’acharnement du Pouvoir».

Les documents préparatifs à la constitution du parti «Citoyenneté et changement», adressés aux ministère de l’Intérieur, une première fois le 20 juin 2016, n’ont pas été reçus. D’après une attestation sur l’honneur des trois membres du comité s’occupant de la préparation du parti, les fonctionnaires du ministère ont refusé de réceptionner leur dossier et d’accueillir les personnes qui se sont présentées une seconde fois, le 19 juillet.

La mère du détenu, Fatema Moujahid, également membre du parti embryonnaire, en se confiant à Febrayer.com, explique qu’après cet épisode ils pensaient à déposer une plainte. Son fils qui prépare un doctorat sur les Droits de l’Homme au Maroc sera enlevé de la maison peu de temps plus tard. Elle décrit une arrestation violente et sans explications où l’on perquisitionne tout le matériel informatiques à l’exception de son téléphone portable.

Une deuxième arrestation

Cette méthode d’ «enlèvement», la mère de Mehdi en témoigne, lorsque son fils avait été arrêté dans la rue avec la même violence en 2010, il était en premier semestre à la fac et n’avait alors que 18 ans. Pendant une quinzaine de jours, ses parents sont sans nouvelles étaient morts d'inquiétude.

Il avait été condamné à 10 ans de prison dans une affaire semblable en lien avec une entreprise terroriste : fabrication de bombes, de «missile», projets d'enlèvements de touristes et de personnalités étrangères etc. Il aurait, selon l’accusation, accompli ces méfaits depuis son ordinateur portable que la police n’avait pas demandé.

En appel, il équope de deux ans de prison dont un qu’il avait déjà passé. Sur le terrain du droit, le dossier était à peu près vide, affirme ses proches. La pression de la société civile portera ses fruits et il sera libéré. Le ministère de l’Intérieur tente même de réparer le tort en proposant de lui payer des études ; chose que l’étudiant et sa mère refuseront. Aujourd’hui, le ministère de l’Intérieur n’a pas encore communiqué officiellement. Affaire à suivre.

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