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Grand Angle  

L’Ecole d’Architecture de Casablanca : Six promotions sans diplômes homologués

Mars 2017 et déjà six promotions de lauréats de l’Ecole d’Architecture de Casablanca (EAC) ... au chômage ! Et pour cause, leur diplôme n’a toujours pas été reconnu par le ministère de l’Enseignement Supérieur. Retour sur un blocage administratif dont les étudiants sont les premières victimes.

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Une manifestation des étudiants de l'EAC en 2014. / Capture d'écran
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Créée en 2004 sur initiative gouvernementale (appel d’offre), l’Ecole d’architecture de Casablanca est fondée sur un partenariat public / privé. Elle occupe depuis les locaux de l’Etat marocain au quartier Al Qods de Sidi Bernoussi à Casablanca. Au conseil d’administration de l’EAC siègent l’Université Hassan II de Casablanca et le Groupe Al Omrane.

Accréditée le 19 décembre 2011 suite au Décret n° 2-09-717 du 17 mars 2010, l’arrêté ministériel du 16 juillet 2010 confirme la qualité d’enseignement de la filière d’architecture de l’EAC. Son programme de six années est approuvé par l’Ecole Nationale d’Architecture. Depuis 2005, l’école conduit de nombreux partenariats éducatifs avec des établissements d’enseignement public d’architecture en Europe (Paris, Versailles, Marseille, Bordeaux, Séville, Barcelone, Milan).

Alors que l’article 4 modifiant la loi 16.89 a été adopté par le parlement fin 2014, la procédure d’octroi de l’équivalence tarde à être appliquée. Une situation qui ne peut guère continuer, car sept promotions d’architectes sont toujours au chômage ne pouvant exercer en tant qu’architectes et se contentent de travailler dans des cabinets d'architectures privés pour des salaires dérisoires.

La reconnaissance, Graal des architectes de l’EAC

12 ans de lutte n'ont toujours pas permis d'obtenir l’équivalence du diplôme -condition ultime-, octroyée par le ministère de l’Enseignement supérieur. Contactée par Yabiladi, Rahma Bouziar, présidente de l’Association des étudiants et lauréats de l’EAC nous informe de l’état d’avancement de leurs dossiers : «C’est vrai que la procédure est en cours, mais depuis le mois de septembre, avant les élections (législatives, ndlr), il y a eu comme un retard, les choses sont devenues trop bizarre, pas claires surtout avec le ministère».

Lorsque les étudiants s’entretiennent avec la ministre déléguée Jamila El Moussali, cette dernière leur promet de régler la situation. A ce jour, les étudiants attendent que leur dossier sorte du ministère et passe aux mains du Secrétariat général du gouvernement pour obtenir une reconnaissance finale. La lauréate s’étonne que l’Université Internationale de Rabat (UIR) qui a déposé son dossier de reconnaissance à quelques mois d’intervalle de l’EAC l’ait obtenu en juillet, alors que trois années séparent les étudiants en filière d’architecture de la fin de leur cursus.

«Nous avons suivi nous-même en tant qu’association, les allers-retours entre le ministère et l’école pour voir si tout se passe bien, si l’école répond aux conditions du ministère. A chaque fois il y a une nouvelle condition, on nous dit c’est bon, après ils inventent des trucs, des fois c’est le même papier à faire et à refaire… on ne comprend pas. Là, ils nous disent que ça va, depuis quatre mois pourtant ça bloque.»

Architectes-chômeurs ?

Le dépit qu’entraine cette situation, l’architecte ne le dissimule pas, ils ne savent pas combien de temps encore il faudra attendre, mais ne peuvent continuer ainsi. Abdelmoumen Benabdeljalil, directeur général de l'EAC a exprimé à Yabiladi sa compréhension de la colère montante dans le rang des étudiants. Pour rappel, les frais d'études à l’EAC s'élèvent à 75.000 DH par an, soit 450 000 DH au total.

Les jeunes diplômés ne décolèrent pas. Sont prévues des manifestations de protestation contre le préjudice moral et matériel subis par plus de 50 lauréats et 250 étudiants privés d’exercer le métier d’architecte et le port du titre d’architecte en leur nom propre.

Silence radio du côté du ministère de l’Enseignement supérieur, que Yabiladi a essayé de joindre en vain. 

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