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Grand Angle

Un Think tank qatari analyse le blocage gouvernemental au Maroc

Le Centre arabe de la recherche et des études politiques au Qatar s’est penché sur la crise du blocage gouvernemental au Maroc qui dure depuis plus de cinq mois. Le rapport accuse implicitement le régime marocain de dresser des obstacles à la formation du gouvernement Benkirane III. Détails.

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Photo d'illustration. / DR
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Dans un rapport intitulé «crise de la formation du gouvernement au Maroc : mission impossible ?», le Centre arabe de la recherche et des études politiques, basé à Doha, s’interroge sur les causes du retard de la formation du gouvernement marocain.

Le PJD et ses alliés ne pourront former un gouvernement seuls ce qui les oblige à devoir former une coalition avec des partis administratifs. Le Think tank qatari précise que la Constitution marocaine ne définit pas les délais à la formation d’un gouvernement ni sur les conséquences de l’échec du chef du gouvernement à former ce dernier.

Le retard de la formation d’un gouvernement place le pays dans une impasse et le confine à un état de paralysie. De fait, le gouvernement d'expédition des affaires courantes est réduit à administrer les affaires quotidiennes sans pouvoir prendre de décisions stratégiques.

Impasse du système politique

Les difficultés de la formation du gouvernement remonteraient aux résultats du scrutin du 7 octobre dernier. Le régime politique marocain attendait la fin des «conséquences de la période des révoltes et soulèvements qui donnèrent naissance à la Constitution de 2011». Le Centre, présidé par le palestinien Azmi Bishara résidant au Qatar, assure que ce blocage confirme les doutes quant à l’existence d’un «mouvement au sein des cercles de prise de décision, cherchant à empêcher le Parti de la Justice et du Développement de former un troisième gouvernement, un droit garanti par la constitution au parti gagnant les élections pour pousser à l’organisation de nouvelles élections».

Le rapport explique plus loin qu’une insatisfaction règne au sein du Makhzen depuis les résultats des élections du 7 octobre. Un mécontentement d’autant plus marqué que c’est le ministère de l’Intérieur qui chapeaute les élections et que le système électoral du multipartisme reste vérouillé, empêchant une large majorité. Le Think tank qualifie de dépassé «le circuit de mainmise électorale» adopté par le Makhzen, et géré par le département de Mohamed Hassad au lieu d'une «commission indépendante des élections». Après un premier échec lors des élections communales et régionales en 2015 où le PJD avait remporté haut la main la majorité des Conseils des grandes villes au Maroc, les législatives ont confirmé cet état de fait. 

Meilleure solution ?

Selon le Think tank, le Maroc, qualifié de régime hybride, ne devrait pas mélanger les pratiques démocratiques modernes avec d’autres cataloguées comme autoritaristes et traditionnelles. Le Maroc n’est ni un véritable régime démocratique ni un régime totalitaire authentique tance les auteurs du rapport.

Deux scénarios se présente alors pour sortir de l’impasse actuelle : parvenir à «une nouvelle entente», semblable à celles du premier gouvernement Benkirane, afin de mener «la réforme à l’ombre de la stabilité et la monarchie comme garantie de l’unité du pays» ; ou bien une démission d'Abdelilah Benkirane qui conduirait soit à l'organisation de nouvelles élections anticipées, soit à la nomination du secrétaire général du deuxième parti aux élections (parti de l’Authenticité et de la Modernité) chef du gouvernement. Deux alternatives possibles compte tenu du flou laissé par la constitution sur ce sujet.

Cependant, le Centre arabe de la recherche et des études politiques favorise l’éventualité d’un accord entre Abdelilah Benkirane et l’institution royale, les deux parties ayant besoin l’une de l’autre. Le rapport signale que le Maroc a initié une nouvelle étape d’ouverture sur l’Afrique et la recherche d’une solution à l’affaire du Sahara à travers une diplomatie régionale, continentale effective, profitant de la chute du régime de Kadhafi en Libye et les préoccupations de l’Algérie à préparer la période post-présidentielle de Bouteflika.

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