Dénicher un appartement à Paris tout en ayant un nom à consonance maghrébine se révèle plus ardu que pour un individu au nom d’origine française. C’est ce qui ressort de l’étude effectuée par la fédération Travail, emploi et politiques publiques (TEPP) du CNRS (Centre national de recherche scientifique) publiée le 2 mars.
Inititulée «Les discriminations dans l’accès au logement à Paris : une expérience contrôlée», l’étude a été effectuée entre début avril et fin mai 2015. Quatre messages types sont envoyés pour visiter un logement, en réponse à 504 annonces immobilières. Un total de 2016 messages ont donc été envoyés pour collecter les données statistiques des réponses aux messages.
Deux patronymes d’origine française ont été choisis et deux autres à consonance maghrébine. Les noms choisis sont pour des individus de sexe masculin, et la zone de recherche est délimitée à Paris intra-muros.
Le TEPP a mobilisé plusieurs sites internet spécialisés dans les petites annonces. Et les résultats sont alarmants.
Discriminations très fortes
Chaque paire de candidats de même origine ont deux cas de figure : l’un envoie «un signal de stabilité financière et professionnelle en indiquant explicitement qu’il est fonctionnaire. L’autre individu, en revanche, ne fournit aucune information sur sa situation», lit-on dans le rapport.
Pour les messages de l’individu au patronyme à consonance maghrébine qui indique être fonctionnaire, il a reçu 15,5% de réponses non négatives. Alors que l’individu d’origine française qui se dit fonctionnaire reçoit 42,9% de réponses non négatives. L’écart est donc tout à fait significatif pour ne pas dire inquiétant.
Si l’individu au patronyme à consonance maghrébine ne signale pas son statut de travail le taux est plus bas : 12,9% de réponses non négatives, alors que l’individu d’origine française en reçoit 18,7%.
«Nous montrons que les discriminations à l’encontre des individus d’origine maghrébine sont très fortes dans l’accès au logement parisien et qu’elles sont peu liées à la fragilité financière supposée des individus», indique le rapport. Même le signal de stabilité professionnelle et financière «n’augmente fortement les chances d’accès au logement que pour les candidats d’origine française».
En bref, si un individu est d’origine maghrébine, le signal positif d’une stabilité financière «ne compense pas le signal négatif de l’origine», informe la même source.
Après les discriminations à l'emploi et les contrôle au faciès, voilà un nouveau pavé jeté dans la marre.