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Grand Angle

Maroc : La réduction des inégalités de genre peut stimuler la croissance économique selon le FMI

A l’approche du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, les rapports sur la mixité et la place des femmes au sein des entreprises des secteurs privé et public se multiplient. Mardi, le Fonds monétaire international (FMI) fait savoir que la réduction des inégalités de genre peut booster la croissance économique du Maroc.

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Photo d'illustration. / Ludovic, REA, Usine nouvelle
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Les politiques visant à mieux intégrer les femmes dans l'économie pourraient contribuer à augmenter le revenu global et améliorer sensiblement les perspectives de croissance du Maroc. C’est ce qu’indique mardi le Fonds monétaire international (FMI) dans une analyse sur les femmes, la mixité et l’économie au Maroc, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes célébrée le 8 mars prochain.

«Dans le cadre de l'évaluation de l'économie marocaine, nous avons examiné la relation entre l'inégalité entre les sexes et la croissance et avons constaté que des politiques permettant une meilleure intégration des femmes dans l'économie pourraient améliorer sensiblement la croissance du pays», lit-on dans l’analyse. A titre d’exemple, «s'il y avait autant de femmes qui travaillaient actuellement que d'hommes au Maroc, le revenu par habitant pourrait être presque 50% supérieur à ce qu'il est actuellement».

«La croissance démographique du Maroc se ralentit et les Nations unies prévoient que le ratio de dépendance - le ratio de la population en âge de travailler et de la population active - augmentera d'ici 2040. Cela signifie qu'il y a du potentiel pour que plus de personnes travaillent au cours des prochaines décennies.»

Mettre en place des mesures pour accroître la participation des femmes

La poursuite de la mise en œuvre de politiques visant à éliminer les écarts entre les sexes, comme l'amélioration de l'accès à l'éducation et au travail pour les femmes, la formation professionnelle et les programmes d'alphabétisation dans les zones rurales, entre autres, pourrait compenser les effets négatifs de ce ralentissement, fait remarquer le FMI.

L'écart entre les sexes au sein du marché du travail montre que le taux de participation des femmes est inférieur à celui des hommes au niveau rural et même urbain. / Ph. FMI

S’ils reconnaissent les efforts entrepris depuis 2004 pour améliorer les droits des femmes, les analystes estiment que des mesures plus fortes et mieux ciblées sont nécessaires pour accroître leur participation au marché du travail et de l'emploi. Ils émettent plusieurs recommandations, comme l’investissement dans des structures publiques de garde d'enfants, qui pourrait ainsi permettre aux femmes de libérer du temps pour entreprendre des activités éducatives et de formation et, ainsi, rejoindre le marché du travail.

L’institution internationale cite le cas de Jamila, une jeune fille de 12 ans installée dans le Maroc rural, qui rêve de devenir médecin : «Elle est encore à l'école quand la plupart des filles de son âge n’y sont plus, puisqu’environ 78% des filles entre 12 et 14 ans ne sont plus scolarisées formellement dans les zones rurales du pays.» De même, les défis auxquels Jamila doit faire face restent importants : le FMI cite notamment «le ralentissement de l'économie au cours des cinq dernières années, la limitation des possibilités d'emploi (22% des jeunes sont au chômage) et la présence de moins de femmes sur le lieu de travail que les hommes (taux de participation de 25% comparativement à plus de 66%)». «Le gouvernement a commencé à mettre en œuvre des politiques qui intègrent mieux les femmes dans l'économie, mais il reste encore beaucoup à faire pour aider les jeunes filles comme Jamila à réaliser leurs rêves», notent les analystes.

Marché du travail : la présence des femmes en deçà des attentes

Au Maroc, le taux de diversité aux postes de responsabilité est légèrement inférieur à la moyenne africaine, soulignait l’institut américain de recherche et de consulting McKinsey, dans son rapport annuel intitulé «Women Matter Africa», publié en août dernier. Une nouvelle version actualisée a vu le jour cette semaine.

Selon le rapport, 4% des chefs d’entreprise au Maroc sont des femmes, tandis qu’elles sont 18% à occuper des fonctions de cadres dirigeants. A l’échelle africaine, la moyenne des femmes cadres dirigeants plafonne à 23%. Même au niveau des conseils d’administration, les Marocaines ne représentent que 13%, soit 1 point de moins par rapport à la moyenne continentale (14%).

«Bien que le nombre de femmes à des postes de responsabilité ait augmenté autant dans le secteur privé que public, leur influence n’a pas progressé dans les mêmes proportions, poursuit l’étude», lit-on dans le rapport.

D’après la directrice d’un conglomérat et représentante du secteur privé au Maroc citée dans le rapport de McKinsey, «la présence d’un plus grand nombre de femmes à des fonctions de direction multiplie les points de vue et les approches originales face aux problèmes à résoudre». «Cette diversité est essentielle au succès d’une organisation. Elle permet également aux entreprises et aux entités publiques de mettre à profit la totalité de leur vivier de talents plutôt que d’en négliger la moitié», explique-t-elle.

Au niveau africain, le Rwanda et l’Afrique du Sud occupent les premières positions en matière de représentation féminine dans les parlements du continent. Parmi les 30 pays sondés par l’enquête, le Maroc est 21e, loin derrière l’Algérie (8e), la Tunisie (12e) et la Mauritanie (15e). Les femmes au Nigéria (29e) et au Swaziland (30e) n’occupent respectivement que 7% et 6 % des sièges. Enfin, McKinsey ne manque pas de pointer du doigt l’«écart de rémunération important entre les hommes et les femmes occupant des fonctions dirigeantes dans le secteur privé». Selon l’étude, les Africaines rencontrent toujours d’importants obstacles à l’accession aux fonctions dirigeantes dans les organisations africaines.

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