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Grand Angle

Abderrahman Mekkaoui : A Guerguerat, le Maroc a évité les manœuvres visant à «déclencher une guerre multilatérale»

Le Maroc a procédé dimanche à un «retrait unilatéral de la zone» sud de Guerguerat, a indiqué hier le ministère des Affaires étrangères et de la coopération dans un communiqué. Une décision «rationnelle» prise par Rabat, qui a évité des manœuvres visant à «déclencher une guerre multilatérale», d'après Abderrahman Mekkaoui, spécialiste des questions stratégiques et militaires.

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Photo d'illustration. / DR
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L’opinion publique marocaine et internationale a appris dimanche que le Maroc retirera les éléments des Forces armées royales (FAR) du sud de Guerguerat en réponse à la demande du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres. Un «retrait unilatéral» pour reprendre les termes du communiqué, rendu public par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Si elle suscite plusieurs interrogations, cette décision apporte également des éléments de réponses d’ordre politique et économique.

Contacté ce lundi par Yabiladi, Abderrahman Mekkaoui, professeur universitaire à l’Université Hassan II de Casablanca et spécialiste des questions stratégiques et militaires, estime que ce retrait est une «décision rationnelle qui répond à la demande du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres qui connaît bien la région et la nature du conflit maroco-algérien». «Le Maroc s’est retiré conformément au respect du droit et des obligations internationales qu’il a signées lors du cessez-le-feu de 1991», dit-il.

«Au moment où les autres parties tentaient d’attirer le Maroc pour provoquer des affrontements et menaient des manigances pour priver le royaume de ses racines africaines, économiquement, socialement et historiquement parlant, le Maroc est revenu à ses précédents postes. [Il est revenu] dans une atmosphère marquée par la vigilance et la prudence afin de ne pas tomber dans le piège qu’on lui a tendu au lendemain de son retour à l'Union africaine.»

Risque de «guerre multilatérale»

Le spécialiste des questions stratégiques et militaires rappelle que les adversaires du Maroc tentaient de reproduire le même scénario «que le président algérien Ahmed Ben Bella avait mis en place en 1964 lors de la Guerre des sables, et qui a poussé le Maroc à affronter militairement son voisin de l’Est». «L’Algérie, qui tente d’exporter ses crises politique, sociale et économique internes, a tenté de provoquer des tensions militaires dans la région. Or le Maroc a joué la carte de la prudence face à ce scénario», poursuit Abderrahman Mekkaoui. D’après lui, le retrait a été opéré pour mettre les responsables internationaux en général, et africains en particulier, face à leurs responsabilités «suite aux provocations des milices du Polisario, qui ne dispose pas des compétences pour prendre une décision de guerre ou de paix, et n’est qu’une section de l’armée nationale populaire algérienne».

Le professeur universitaire note également que «le Maroc, en décidant de se retirer, coupe l’herbe sous le pied de l’Algérie et du Polisario». Le royaume n’est-il pas lésé par les provocations du Polisario ? Abderrahman Mekkaoui répond par l’affirmative : «Le Maroc est lésé mais la Mauritanie et d’autres nations africaines le sont également. C’est pour cette raison que le Maroc met l’Algérie devant ses responsabilités africaines et internationales.»

«La Mauritanie est particulièrement affectée par l’interruption du commerce international dans cette zone. Il faut rappeler que 60 camions et véhicules passent quotidiennement par Guerguerat, une zone-tampon conformément aux engagements du cessez-le-feu de 1991.»

Revenant sur l’implication de l’Algérie dans cette crise, Abderrahman Mekkaoui estime que Rabat «a pu éviter le piège tendu et les manoeuvres» d’Alger. Quant au bataillon qui demeure au sud de Guerguerat, le spécialise fait savoir que cette question pourrait être réglée en «quelques heures» par les FAR : «Les FAR peuvent régler cette question en quelques heures. D’un point de vue stratégique, cela conduirait toutefois la région vers une guerre multilatérale avec différentes parties prenantes. Or les membres du Conseil de sécurité ont estimé, lors d’une récente réunion, que le conflit du Sahara n’est pas une priorité. C’est d’ailleurs la raison des pressions internationales exercées sur l’Algérie pour revoir ses calculs et cesser ses manœuvres», conclut-il.

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