Au départ du photoreportage «Bribes de vie de Balima à Jerrada», Mehdy Mariouch avait rencontré à Beni Tadjite (province de Figuig) un minier handicapé dont la dignité l’avait stupéfié : «Il refusait de faire la manche, de prendre de l’argent gratuitement», nous confie-t-il.
Sa quête limitrophe entre le photojournalisme et l’art commence alors à Balima (ou Anjil), dans la province de Midelt (Moyen Atlas). La cité ouvrière des mines d’Ahouli-Mibladen, aujourd’hui abandonnée des investisseurs, est toujours habitée. L’un des plus importants gisements de plomb du Maroc, à l’abandon depuis une quarantaine d’année, a laissé après sa dégringolade une faible population qui tente au jour le jour de survivre et ne part pas.
Mines, miniers, monochrome
«C’est en rencontrant ces personnes que j’ai côtoyées pendant plusieurs mois que j’ai retrouvé un sens à mon travail», nous explique l’artiste. Les mineurs qui ne sont pas originaires de la zone y restent, continue-t-il, par amour pour la région. Ils exploitent artisanalement les ressources, au dépit du danger que cela représente et du faible revenu.
Pourtant, à la genèse de sa recherche, c’est un autre thème en relation avec l’âge d’or de la région qui retient son attention : la prostitution. Il débarque en 2014 et se retrouve avec un paysage désert de son intention première. Alors, il décide de partir à la découverte et tombe sur des mineurs qui creusaient des puits et y descendaient.
«C’est un no man’s land où une minorité règne et non les autorités ou les habitants. J’étais sous le charme de leur hospitalité, leur fierté d’appartenir à cette terre qu’ils ont choisie.»
D’un point de vue artistique, le paysage a séduit le photographe autant que les portraits : «c’était comme une image de synthèse, une image construite de vallée en fond et de constructions au milieu, presque futuriste. Je ne m’y attendais pas». Mehdy Mariouch poursuit en notant qu’il a approché progressivement les habitants.
A notre question concernant le choix monochrome, le photographe affirme qu’il n’arrivait pas à concevoir autrement la réalité qu’il capturait. «Le noir pour la mine et le blanc pour la dignité des mineurs, un contraste de leur vie», fait-il savoir, ajoutant qu’il prépare d’autres photographies en couleurs de la même série.