Menu

Grand Angle  

Les réfugiés au Maroc, une richesse pour le royaume

Plus qu’un pays de transit, le Maroc s’illustre de plus en plus comme une terre d’accueil. Qu’en est-il de l'impact des réfugiés sur le royaume ?

Publié
A l’heure où des vies s’abîment dans les eaux méditerranéennes, les réfugiés font presque quotidiennement les titres de la presse. / DR
Temps de lecture: 3'

A l’heure où des vies s’abîment dans les eaux méditerranéennes, les réfugiés font presque quotidiennement les titres de la presse. Un sujet, devenu leitmotiv, sur lequel certaines figures politiques occidentales en mal de populisme surfent sans vergogne. Oubliant là qu’il s’agit d’un phénomène complexe qui mérite d’être traité autrement : loin d’être un fardeau, les réfugiés peuvent apporter beaucoup à leur terre d’accueil.

La semaine dernière, Yabiladi livrait le témoignage d’une famille irakienne qui a trouvé refuge au Maroc dans les années 2000. Aussi précaire soit leur situation, leur volonté de réussir ne s’est pas éteinte. Le père est en recherche d’emploi depuis deux ans. Il se dit capable de travailler dans n’importe quel domaine. Maryam, la mère, racontait : «Je n’arrive pas à croire que ça fait presque vingt ans qu’on est installés au Maroc, ce n’était pas du tout prévu.» Et pour cause, ce qui ne devait être qu’un passage est devenu une résidence permanente.

«Les réfugiés peuvent amener de la richesse»

«Le Maroc reste un pays de transit. La population est habituée à voir des gens qui transitent. Ça peut être des personnes qui mendient au feu rouge et qui n’ont pas forcément envie de rester au Maroc, qui vivent dans la précarité et subsistent grâce à de petits métiers en attendant d’aller en Europe, surtout dans les villes comme Tanger, Oujda et Nador», explique à Yabiladi Jean-Paul Cavalieri, représentant du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Maroc.

«Or, de plus en plus de migrants ou réfugiés décident de rester au Maroc», ajoute-t-il, précisant que la nouvelle politique migratoire et d’asile offre une véritable protection aux réfugiés. «Cette législation est due à une prise de conscience politique. Le Maroc est devenu un pays de destination, il faut donc agir dans ce sens-là», préconise-t-il.

«Les réfugiés sont mieux perçus, leur image est en train de changer : on les retrouve désormais au travail, à l’école, à la mosquée, au sein du voisinage», détaille Jean-Paul Cavalieri. «L’expérience positive du Maroc est nourrie de celle des Marocains résidents à l’étranger qui reviennent avec des souvenirs tantôt positifs, tantôt négatifs. Ils disent : ‘attention à ne pas traiter les migrants comme nous avons été traités’, ou bien : ‘nous avons bénéficié nous-mêmes d’aides en tant que migrants, il faut en faire de même pour les réfugiés ou demandeurs d’asile’», poursuit le représentant du HCR.

D’autres raisons ont permis de faire du Maroc un pays d’accueil pour les réfugiés : «Le royaume est un pays où différentes populations cohabitent depuis longtemps, il est donc bien équipé pour appréhender ces situations. Dans l’islam, dans le Coran, il existe toute une tradition d’accueil de l’étranger», soutient-il. «Il faut montrer que les réfugiés peuvent amener de la richesse.»

«Histoires sans visas»

Pour montrer la réalité de la vie des réfugiés, le HCR organise le 9 mars à l’Ecole de gouvernance et d’économie de Rabat un projet de récits digitaux intitulé «Histoires sans visas», qui met en lumière l’expérience de huit réfugiés de divers horizons installés au Maroc. Lors d'une conférence de presse du HCR, Jean-Paul Cavalieri lors d’une conférence de presse, déclarait : 

«Dans un contexte mondial où l’image qui est donnée des réfugiés est souvent négative, le premier objectif de cet évènement est d’essayer de briser ces stéréotypes et de montrer les réfugiés pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des gens qui ont des ressources, qui sont capables de les exploiter pour devenir autonomes et contribuer positivement à la société qui les accueille, en l’occurrence le Maroc.»

Le Maroc pourrait un jour servir d'exemple comme ce village de Calabre en Italie. Cette petite bourgade qui était en train de dépérir suite à la désertion de ses habitants a survécu grâce à sa politique d’accueil des réfugiés. Ces derniers ont permis de dynamiser l’économie locale et redonner au village un souffle nouveau. Tout avait commencé en 1998 avec la venue de 200 Kurdes en bateau ; les villageois les avaient accueillis à bras ouverts. Depuis, cette politique généreuse s'est perpetuée pour les nouvelles vagues de réfugiés. 

HCR au Maroc, en chiffres

Le HCR au Maroc a mandaté 6 874 personnes. 4 977 sont des réfugiés ou des personnes en besoin de protection internationale, le reste étant demandeurs d’asile. Le top 3 des nationalités en besoin de protection internationale viennent de Syrie (3 420 personnes), du Yémen (493) et de Côte d’Ivoire (291). Ensuite d’autres nationalités ont choisi le Maroc pour y trouver refuge : République Démocratique du Congo (175), la Centrafrique (177) et l’Irak (138), entre autres. Les demandeurs d’asile quant à eux viennent d’Afrique Subsaharienne : Le Cameroun (450), la Côte d’Ivoire (276), la Guinée (219), la République Démocratique du Congo (244), le Mali (138) et enfin la Centrafique (42).

Le HCR a besoin de financements. En 2016, l’organisation avait requis 6 millions de dollars pour couvrir ses opérations au Maroc. L’instance Onusienne a quelques contributeurs direct pour couvrir ses dépenses : L’Union Européenne (en particulier l’Italie avec 198 664 dollars), le Royaume Uni contribue avec 190 000 dollars et enfin Monaco (160 135 dollars).

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com