Lundi 28 mars, ont commencé les premiers travaux de la commission consultative de révision de la constitution : ses membres ont commencé à écouter les doléances de chacun. «Le calendrier est maintenant assez bien connu. Nous allons, dans un premier temps, recevoir les partis politiques. Nous avons commencé à auditionner les partis politiques par ordre de création, dès aujourd’hui», décrit Mohammed Tozy. Le politologue, membre de la commission, refuse d’en dire plus au nom d’une certaine obligation de réserve : «pour éviter les discours contradictoires», explique-t-il. Si les partis politiques ont été contactés pour être entendus par la commission, les autres acteurs de la vie politique marocaine, syndicats et Mouvement du 20 février en tête, s’activent aussi.
Syndicats et Jeunes du 20 février dans l'expectative
Les syndicats devraient aussi être consultés. «Nous nous sommes réunis pour proposer notre cahier de revendications relatif à la réforme de la constitution», explique Fatna Afid, syndicaliste à l’Organisation Démocratique du Travail et membre du Conseil national d’appui au Mouvement du 20 février. « Nous avons passé en revu l’ensemble de la constitution, article par article», détaille-t-elle. Son syndicat n’a pas été contacté officiellement, mais se prépare.
Le Mouvement des Jeunes du 20 février, même si l’initiale est désormais de plus en plus souvent de mise, ignore encore s’il sera entendu et sous quelle forme. «Aujourd’hui, le Mouvement se concrétise par des adhésions sur le groupe Facebook et par les manifestations, mais il n’est pas structuré, reconnait Montassir Sakih, membre actif du Mouvement, il n’a ni leader, ni porte parole.» Si la commission entendait traiter avec une délégation du Mouvement, elle provoquerait immédiatement des dissensions internes. Pas question, pour autant, de n'être pas entendus : «je pense que la Commission devrait entendre spécifiquement les Jeunesses partisanes du PSU, USFP, PJD, Adl Wal Ihssane... qui ont soutenu le Mouvement», explique Montassir Sakih.
«Une grave erreur» commise par le PPS
La façon d’organiser en interne le débat avant d’émettre les propositions qui seront portées ensuite devant la commission consultative fait aussi débat au Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). «Je tiens à souligner que la décision prise par certains membres du Bureau politique de présenter des propositions de réforme à la commission constitutionnelle sans avoir au préalable convoqué le Comité central constitue une grave erreur», écrit Youssef Belal, membre du Bureau politique du PPS, dans une lettre ouverte aux autres membres du Bureau sur sa page Facebook. «Comment prétendre renforcer les attributions du Parlement et des institutions élues de notre pays lorsque certains membres du Bureau politique refusent de s'en remettre au vote préalable du parlement de notre parti qu'est le Comité central ?», continue l’universitaire.
Si le mode de fonctionnement habituel des partis pose problème, certains ont décidé de s’en affranchir. Tarik Nesh Nash et Mehdi Slaoui Andaloussi, informaticiens, ont lancé reforme.ma. Le site propose à chacun de voter pour ou contre chacun des actuels articles de l’actuelle constitution et de poster des commentaires. Du 11 au 25 mars, le site a reçu 74 732 visites. Ambitieux, le site annonce même que «les conclusions seront présentées à la commission de la révision constitutionnelle».
Elle devra, en tout cas, rendre ses propositions de révision de la Constitution fin juin. Le texte sera ensuite soumis à référendum.