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Grand Angle

Le Maroc expulse un étudiant malien à cause d'un exposé portant sur l'indépendance de l'Azawad

Le Rassemblement mondial amazigh a condamné ce mercredi le refoulement par les autorités marocaines d’un étudiant malien, issu de la région d’Azaouad et qui poursuivait ses études au sein du l'Institut Mohammed VI de formation des imams de Rabat. L’expulsion serait due à un sujet proposé par l’étudiant sur l’indépendance de cette région au coeur du conflit entre le Mali et les groupes armés rebelles touareg et arabes. Détails.

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L'Institut Mohammed VI de formation des imams de Rabat. / Ph. EMB - LeDesk
Temps de lecture: 3'

Le Rassemblement mondial amazigh a exprimé ce mercredi son indignation contre le refoulement, mardi soir, d’un ressortissant malien, qui poursuivait ses études à l'Institut Mohammed VI de formation des imams de Rabat. La présidente du Rassemblement, Amina Bencheikh a déclaré à Yabiladi que l’étudiant a été même contraint de quitter, vers 22h, le territoire marocain à bord d’un avion à destination de Bamako. La cause de son expulsion n’est autre qu’un article que le jeune imam aurait rédigé, dans le cadre d’un cours de communication de la deuxième année, portant sur «l’indépendance de l’Etat d’Azawad» situé au nord de son pays natal.

Dans les détails, Amina Bencheikh nous rapporte que «suite à la demande de son professeur de communication de rédiger des plans d’actions sur un sujet de son choix, Bachir Agh Ahmed Mohamed, originaire de Tombouctou, avait choisi d’évoquer ‘la recherche d’un plan d’actions pour la reconnaissance de la République d’Azawad’ comme sujet».

«Lors des présentations des travaux, des étudiants maliens se sont indignés quant au choix de Bachir, le traitant de séparatiste. Le professeur a donc décidé que le sujet ne sera pas présenté puisqu’il traite de la politique.»

Expulsé pour un exposé

Dans son article parvenu à notre rédaction, Bachir Agh Ahmed Mohamed s’était interrogé sur les actions à mettre en place pour mettre fin aux guerres et aux affrontements incessant dans sa région natale et permettre d’instaurer «un Etat islamique indépendant où les intérêts du peuple musulman priment sur ceux des Nations Unies». Le jeune malien s’est aussi penché sur «l’exploitation des ressources naturelles du Sahara et la réalisation du développement et de l’épanouissement du peuple sous la présidence d’un gouvernement constitué des jeunes» de ce pays. Bachir Agh Ahmed Mohamed a également suggéré, dans son article, l’application de l'accord d'Alger (signé en 2015 entre la République du Mali et la Coordination des mouvements de l'Azawad, une alliance de groupes armés rebelles touareg et arabes) et présenter un manifeste de l'indépendance pour faire sécession du Mali.

Mais les propositions du jeune étudiant n’ont pas été du goût de ses autres camarades maliens. A en croire la présidente du Rassemblement mondial amazigh et ancienne membre du comité administratif l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), les étudiants maliens avaient décidé de remonter au créneau. «Ils ont contacté le Coordinateur de la mission malienne, chargé par les autorités de son pays de coordonner avec l’administration de l’institut et les ressortissants de son pays, qui a contacté de son côté l’ambassade du Mali au Maroc. L’information est arrivée jusqu’au ministère malien des Affaires étrangères qui a, par la suite, contacté les autorités marocaines pour qu’elles refoulent l’étudiant malien pour être jugé dans son pays», s’indigne Amina Bencheikh.

«Deux mois après l’incident qui s’était déroulé à l’institut, alors que tout le monde croyait que le problème avait été réglé, les autorités maliennes et marocaines collaboraient entre elles. Hier (mardi, ndlr) vers 16h30, l’étudiant nous a appelé pour nous annoncer que les autorités marocaines l’ont interpelé et lui ont demandé de plier bagages et se rendre à l’aéroport.»

L’Institut Mohammed VI de formation des imams refuse de commenter

L’étudiant expulsé avait auparavant présenté une demande au Conseil national des droits de l’homme, «qui n’a pas daigné réagir» à en croire notre interlocutrice. «J’ai contatcé Mohamed Sebbar, le secrétaire général du CNDH qui m’a annoncé que l’institution n’a pas eu le temps pour soutenir l’étudiant malien», poursuit la présidence du Rassemblement mondial amazigh. L’étudiant se trouve actuellement à Tombouctou, dans sa maison, en attendant une convocation. Ses camarades et étudiants touaregs lui auraient même mandaté un avocat pour le défendre en cas de procès.

Pour cette ancienne membre de l’IRCAM, les autorités marocaines seraient complices de ce qui arrivera à Bachir Agh Ahmed Mohamed. «Elles (les autorités, ndlr) n’auraient pas dû le refouler puisque le conflit entre le Mali et l’Azaouad est réel. Nous demandons à ce qu’il retourne au Maroc pour poursuivre ses études comme ses autres camarades», nous déclare-t-elle.

Yabiladi a tenté de joindre la direction de l’Institut Mohammed VI de formation des imams de Rabat. Un responsable au sein de l’établissement a refusé de commenter, affirmant que l’Institut ne dispose pas d’information sur l’expulsion de l’étudiant malien.

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