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Grand Angle

Plan Azur : La Cour des comptes achève les ambitions touristiques du Maroc

La juridiction financière du royaume sonne le glas de ce projet touristique qui promettait six nouvelles stations balnéaires et des touristes à tire-larigot. Détails.

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Le projet de Taghazout Bay du Plan Azur. / DR
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C’en est (presque) fini pour le Plan Azur. Dans un rapport de 120 pages relayé notamment par Jeune Afrique, la Cour des comptes ne cache plus le naufrage de ce vaste projet touristique qui a fait saliver plus d’un opérateur. Le document a été élaboré à la charge de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), gestionnaire du Plan Azur. Ce dernier avait placé le curseur très haut en annonçant la création, à l’horizon 2020, de six stations balnéaires : Saïdia (Berkane), Khmis Sahel (Larache), El Haouzia (El Jadida), Mogador (Essaouira), Taghazout (Agadir) et Plage blanche (Guelmim).

L’objectif avait été clairement annoncé lors du discours royal du 10 janvier 2001 à Marrakech : donner un coup d’impulsion à l’attractivité de la destination Maroc. Plus précisément, il s’agissait d’accueillir au royaume 10 millions de touristes par an en 2010. «Un seuil d’arrivées de touristes que ‘le plus beau pays du monde’ arrive à peine à assurer en 2016, alors qu’il entend doubler cet objectif à horizon 2020…», ironise l’hebdomadaire.

Au terme de la Vision 2010, une autre stratégie de développement touristique, «Vision 2020» avait été lancée à travers le contrat programme 2011-2020 du 30 novembre 2010, signé entre l’Etat et le secteur privé.

Lits vides et ventes au rabais

Seize ans plus tard, les ambitions escomptées par ce mégaprojet se sont retirées au profit d’un vide sidéral. En témoigne quelques chiffres du rapport : «A mi-chemin de la Vision 2020 (fin juin 2015, ndlr), le bilan du chantier produit semble très faible. En effet, en termes de capacité litière, sur un objectif global de 58 540 lits touristiques pour les six stations, seuls 1 576 lits ont été réalisés, soit un taux de 2,7% par rapport à l’objectif.»

Au-delà d’un bilan décevant en termes de capacité litière, les moyens mobilisés par l’Etat pour faire sortir de terre les stations du Plan Azur sont également passés au peigne fin. Ainsi, le document fait état de terrains vendus «à des conditions très avantageuses» pour l’investisseur. Plus qu’«avantageuses», leur vente s’apparente à un généreux rabais : «A titre d’exemple, pour la station Taghazout, la SMIT, entreprise publique, a vendu le terrain à l’investisseur à 50 DH/m2, soit un écart par rapport au prix de marché de 200 DH/m2, ce qui constitue une concession de 1,3 milliard DH.»

Des investisseurs qui regardent ailleurs

Aux lits inoccupés et terrains vendus pour une modique somme, s’ajoute le rétropédalage de certains investisseurs privés. L’Américain Colony Capital s’est retiré de la station Taghazout, «laissant en souffrance des arriérés bancaires conséquents», déplore la Cour des comptes. La convention avait été résiliée en 2009.Le

Il faut dire que les opérateurs sollicités pour ce projet, notamment sur la région nord-africaine et moyen-orientale (MENA), étaient peu convaincants : «Les prospects démarchés par la SMIT (…) ne sont pas toujours des spécialistes du tourisme, mais sont en général des fonds d’investissements, ayant déjà des participations dans des projets immobiliers et touristiques ou cherchant à se diversifier vers le tourisme. Lesdits prospects sont principalement issus de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Turquie et de Chine. A cet égard, il est à remarquer l’absence, parmi les prospects approchés sur la zone MENA, de grands gestionnaires dans l’hôtellerie ou encore dans l’animation touristique», regrette encore la Cour de Driss Jettou.

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