Menu

Grand Angle

Ceuta : Le Maroc dépense un million d'euros par an pour la gestion du culte musulman

A Ceuta, le Maroc exerce une tutelle quasi-totale sur les mosquées et les salles de prière. Face au désengagement de Madrid, les musulmans de la ville se tournent tout naturellement vers le ministère des Habous et des affaires islamiques.

 

Publié
Une mosquée dans la ville de Ceuta. / Ph. Muley El Mehdi
Temps de lecture: 2'

«Ceuta compte plusieurs lieux de prière, plus que M’diq, Fidneq ou Martile». C’est par cette comparaison que commence le reportage du média local Red Ceuta. La ville possède en effet 15 mosquées et 16 salles de prière pour une population de 42 200 musulmans établis sur une superficie de 19 km2. Une fois ces chiffres énoncés, le site d’informations attribue cette «ferveur religieuse» à l’initiative privée et à des associations.

La construction de lieux de culte ne pose aucun problème à Ceuta. En revanche, les problèmes se posent au niveau du fonctionnement quotidien. La gestion d’une mosquée ou d’une salle nécessite des moyens financiers. C’est là qu’entre en scène le Maroc à travers le ministère des Habous et des affaires islamiques, aidé en cela par la réaction lente des représentants de l’Etat espagnol à répondre aux sollicitudes des musulmans.

Une fois la demande reçue, Rabat exige immédiatement une mise à niveau de la mosquée ou de la salle, par la réalisation de certaines œuvres, afin qu’elle soit conforme aux normes établies par le département d’Ahmed Taoufiq. A cela s’ajoute un droit de «contrôle administratif et spirituel sur l’ensemble des points de prière ayant sollicité de l’aide». La valeur annuelle des multiples interventions religieuses du Maroc uniquement à Ceuta s’élève à un million d’euros.

Une tutelle totale qui fait grincer des dents

Ce contrôle concerne également les nominations des imams et des autres préposés religieux. Une commission examine le niveau de connaissance religieuse des imams et, par la même occasion, veille à exclure les profils radicaux. D’ailleurs, son avis est déterminant pour l’exercice dans les lieux de culte sous contrôle marocain. Résultat : le royaume exerce sa tutelle sur presque la totalité des lieux de prière à Ceuta. Il n’est donc pas surprenant d’entendre un imam de la ville conclure son prêche du vendredi en implorant Dieu de préserver le roi Mohammed VI.

Ces interventions saluées par ce média sont source d’appréhension au sein des centres de pouvoir de l’Etat espagnol. Les services secrets (CNI) sont opposés à l'«ingérence» marocaine dans les affaires de la communauté musulmane. Même son de cloche chez le très influent institut Elcano qui avait mis en garde, dans un rapport publié en 2015, contre la montée de l’influence religieuse de Rabat sur l’ensemble du territoire espagnol. Du coup, le think tank avait invité les autorités de Madrid à «s’engager activement» dans la formation des imams des mosquées et ne pas laisser le champ libre au royaume chérifien.    

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com