Menu

Grand Angle

Graffiti : Une cohabitation étonnante entre la ville de Rabat et les «rebelles»

Rabat peut se targuer d’être une ville où le graffiti fleurit sur ses artères. Depuis deux ans, le festival Jidar («mur», en français) est devenu l’un des rendez-vous des artistes de rue nationaux et internationaux. Les façades des différents quartiers ont été recouvertes de surprenantes créations géantes et sensiblement humanistes. Retour sur les initiatives artistiques individuelles reprises sous la houlette de l'Etat.

Publié
Fresque murale réalisée par Jaz en 2016 lors du Festival Jidar à Rabat. / Ph. Jaz
Temps de lecture: 2'

Il fait bon être artiste urbain dans la capitale chérifienne. C’est en tout cas ce que rapporte le site dédié à l’art Artsy dans un éditorial datant de la semaine dernière. La ville, plutôt calme et au tempérament administratif, est citée aux côtés de métropoles telles que Los Angeles (USA), Buenos Aires (Argentine), Lisbonne (Portugal), Hong Kong (Chine) et Melbourne (Australie). Et pour cause, Rabat a été choisie par ce média pour représenter l’art rebelle au niveau du continent.

Le Festival Jidar, des murs embellis et conventionnels

Le graffiti est la voix de la masse, une façon de transgresser les règles ou de crier haut et fort un fait ou un mécontentement général, a priori, selon Le Graffiti. Qu’en penser lorsque c’est l’Etat qui orchestre l’événement ? Les artistes qui ont participé à la dernière édition du Festival Jidar, organisé sous le patronage du roi Mohammed VI ont témoigné d’une expérience particulière.

Jaz est un artiste graffiti argentin qui a été marqué lors de sa participation : «Rabat est une ville dont le peuple me donne une grand réponse.» Son confrère espagnol Okuda rebondit lui aussi sur l’enjeu politico-social du graffiti : «Tu travailles plus pour la communauté et tu sens que ton travail crée un changement positif dans le quartier et auprès des gens.»

Le festival, avec divers ascendants, devient un compromis entre l’Etat, la société et l’artiste pour apporter de la fraîcheur aux anciens murs entourant les coutumes.

«Il y avait une belle ambiance créative lorsque j’ai participé avec les artistes locaux à une fresque murale, du côté de Madinat Al Irfane», nous raconte l'artiste urbain D’et (pseudonyme) sur sa participation au festival Jidar, l’année dernière. Il explique qu’il faut différencier les activités officielles, comme le festival, des vandales qui se font sans aucune autorisation.

«On choisit le mur qui nous plaît et on dessine ce qu’on veut dessus. Or, à un moment, il faut faire un consensus avec les gens», ajoute l’artiste de 28 ans lorsqu’il évoque ses débuts. A l’époque, il faisait principalement du lettrage. En développant ses capacités, il a dessiné des portraits, des paysages et des thèmes sociétaux en relation avec l’endroit qu’il choisit comme toile.

D’et a cependant un thème de prédilection qu’il appelle «le marocanisme» : le patrimoine qu’il dessine prend la forme de portraits de personnes âgées, de vieilles femmes tatouées… Ce n’est pas tout : l’autodidacte convient qu’il faut parfois suivre à la lettre les exigences du marché. «On est obligé de faire des commissions pour commercialiser son art et en vivre, il faut donc respecter les souhaits du client», conclut-il.

Et ce «travail pour la communauté» porte ses fruits : les Rbatis sont plus qu’unanimes sur le fait qu’un dessin mural vaut mieux qu’une simple façade blanche.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com