Menu

Grand Angle

Campus #2 - Inde : Trois marocaines racontent leur expérience estudiantine au pays de Gandhi

Aller à l’autre bout du monde, dépasser ses peurs et ses aprioris pour en sortir grandi, c’est l’histoire de ces trois jeunes femmes marocaines. Encore étudiantes à l'époque, elles ont choisi comme destination l'Inde. Détails.

Publié
Trois anciennes étudiantes racontent leur expérience en Inde. / Ph. DR
Temps de lecture: 3'

Après les étudiantes marocaines au Brésil, c’est au tour de Sarah, Fati, Zoubida, de raconter leur périple. Durant leur cursus universitaire, les trois Marocaines ont décidé de réaliser leur rêve, en s'envolant pour l'Inde. Les jeunes femmes ont dû alors s’adapter à une nouvelle culture. En seulement quelques mois, elles ont pu voyager à travers l’immense pays.

Sarah, est une jeune femme de 24 ans fraîchement diplômée de l’université Akhawayn à Ifrane. Pour finir son parcours universitaire, elle devait effectuer des heures de bénévolat, son choix s’est porté sur l’Asie. Alors qu'elle devait y rester quatre semaines, finalement, son voyage durera sept semaines.

«Je n’avais jamais vu le bonheur à l’état pur dans les yeux de quelqu’un...»

Sarah est un petit bout de femme, avec une énergie débordante et une empathie incroyable. Les raisons qui l’ont poussée à aller en Inde de septembre à octobre 2016, dépassent le simple fait de voyager. «Je suis partie en Inde pour faire du bénévolat mais aussi pour des raisons personnelles. Je voulais grandir, mûrir, apprendre à vivre», explique-t-elle. Sarah, avide de partage, a beaucoup appris des Indiens.

«Les gens sous-estiment ce pays sous prétexte que le pays est pauvre. Laissez moi vous dire que c'est l'un des pays les plus riches qui existent. La richesse se trouve dans nos coeurs et non dans nos poches.»

Elle s’est retrouvée dans ce pays grâce au conseil d’un ami chinois qui lui avait dit que les gens les plus heureux du monde étaient indiens. «Je lui avais demandé pourquoi, il m’a dit car c’est des combattants. Et il avait raison, je n’avais jamais vu le bonheur à l’état pur dans les yeux de quelqu’un jusqu’à ce que j’aille en Inde».

Sarah, en visite au Taj Mahal. / Ph. Sarah Jazouli

La jeune femme ne manque pas d’anecdotes sur cette expérience, elle confirme un préjugé très courant sur le pays : «Les jeunes Indiens, étudiants surtout, dansent et chantent à n'importe quelle occasion. Littéralement, durant les rencontres, après leurs cours, en récréation, lors des fêtes», dit-elle en éclatant de rire.

«Mais en tout cas, pendant trois semaines, j’ai mangé indien, j’ai vécu indien, je respirais indien. J’ai vécu chez une famille d’accueil qui ne parlait pas anglais. Du coup, nous parlions avec les signes.»

Dans l’ensemble cette expérience aura été enrichissante, Sarah confie : «Je ne dirai pas que j'ai vécu en inde, je dirai plutôt que j'ai survécu. J'ai survécu grâce à toutes les personnes qui m’entouraient». La pauvreté est omniprésente au quotidien dans ce pays : «Lors de mon dernier jour à Mumbai. J’ai dû marcher deux kilomètres avant d’arriver à ma destination. Sur le chemin j’ai vu des gens qui habitaient dans des tentes dans des tunnels et littéralement sur le trottoir», se souvient Sarah, les yeux embués. «J'étais choquée et je voulais les aborder malgré la barrière de la langue. J’ai dis "namaste" (bonjour,ndlr). A ce moment-là deux petits enfants qui jouaient à un jeu que j’ignorais se sont retournés vers moi et sont venus jouer avec moi.»

Sarah, en compagnie des Indiens qui vivent sur les trottoirs. / Ph. Sarah

Adaptation facile pour les Marocains

Fati, est une jeune femme de 29 ans au rire facile, sa contagieuse bonne humeur se propage comme un rayon de soleil. En 2010, elle étudiait à Neoma Business School, à Rouen en France et était en recherche active de stage. En cherchant sur internet, elle trouve une offre de stage de six mois à New Delhi, la jeune femme n’hésite pas une seconde et postule. Quelques temps après elle est prise pour le poste.

«J’ai tellement aimé vivre dans ce pays, que j’ai enchaîné avec un deuxième stage. Du coup je suis restée plus de six mois», raconte-t-elle, avec un grand sourire. Même les premiers jours n’ont pas été difficiles : «J’ai eu la chance d’habiter en colocation avec mes collègues stagiaires», se remémore la jeune femme de 29 ans.

«Il faut savoir qu’il est plus facile pour un Marocain de s’adapter à la culture indienne que les occidentaux. Nous sommes proches d’eux [culturellement], et plus aptes à les comprendre. Pour la langue, c’est compliqué, mais les mots du quotidien sont faciles à mémoriser.»

Passeport non waterproof

Pourtant l’aventure n’a pas été de tout repos, puisque Fati s’est retrouvée dans une situation particulière un jour : «Le monsieur qui faisait le ménage dans la maison où j’habitais, avais lavé mon sac, avec mon passeport à l’intérieur», confie-t-elle, «à l’époque, les passeports n’étaient pas biométriques. Mon passeport était plein d’encre et ne pouvait plus être utilisable», raconte-t-elle. «La paperasse administrative causée par cet incident a été un cauchemar avec les autorités indiennes».

Fati, dans un lieu de culte à Jaipur. / Ph. Fati

Zoubida, 23 ans, est partie à New Delhi en 2013, pour faire du bénévolat, grâce à l’association AIESEC. Elle a été surprise dès le départ du regard insistant des Indiens : «Le choc culturel je l'ai vécu dès mon arrivée à l'aéroport, les gens me regardait bizarrement et en plus j'étais perdue», confie-t-elle. «Heureusement que certains Indiens parlent anglais, malgré leur accent très prononcé».

La jeune femme était immergée à 100% dans l’expérience, «c'était la plus belle expérience de ma vie. Une aventure, des rencontres, de l'apprentissage. Je ne voulais plus revenir au Maroc». Et pour cause, la jeune femme a appris à s’adapter à toutes les circonstances :

«Je vivais avec 15 personnes de nationalité différentes, chacun d'entre eux m'a enrichi de sa culture. J'ai appris à prendre des risques et à plus m'ouvrir ce qui m'a aidé par la suite sur le plan professionnel.»

Zoubida, (deuxième à partir de la gauche), en compagnie de femmes indiennes à Jaipur. / Ph. Zoubida

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com