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Grand Angle

De Tanger à New York, Hisham Aidi sillonne l'univers des musiques urbaines

Hisham Aidi enseigne à l’université Columbia de New York. Féru de musiques urbaines, ce politologue originaire de Tanger a consacré un ouvrage sur la diaspora musulmane dans le monde, les identités changeantes et les politiques ethniques. Portrait.

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De Tanger à New York, Hisham Aidi sillonne l'univers des musiques urbaines. / Ph. Facebook
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De la cité tangéroise aux travées de l’université Columbia, à New York ; Hisham Aidi a fait le grand écart. Ce natif de la ville du Détroit est professeur émérite au sein de la prestigieuse université new yorkaise. De ses recherches sur les musiques urbaines, dont ce politologue s’est fait une spécialité, est né un ouvrage (pas encore traduit en français), «Rebel music : Race, Empire and the New Muslim Youth Culture» (Musique rebelle : Race, empire et la nouvelle culture de la jeunesse musulmane), sorti en 2014 aux éditions Pantheon Books. Un an plus tard, Hisham Aidi a glané une autre consécration ; celle du prix «American Book Award» qu’il s’est vu décerner par la fondation Before Columbus.

Bien avant l’expérience outre-Atlantique, l’histoire a commencé à Tanger puis s’est poursuivie en Belgique et en Espagne, selon le Monde. C’est peu dire que le Tangérois est un nomade dans l’âme. Ce n’est qu’en 1988 qu’il déménage aux Etats-Unis, dans l'Etat du Nouveau-Mexique puis en Pennsylvanie, pour faire ses études au Franklin & Marshall College après avoir obtenu une bourse pour un internat.

Il n’en oublie pas moins ses origines puisque son mémoire de premier cycle universitaire est dédié à Paul Bowles, un écrivain, musicologue et voyageur américain qui a passé la majeure partie de sa vie à Tanger. Plus tard, Hisham Aidi intègre l’université Columbia en tant qu’étudiant. Aujourd’hui, sa place est au pied de l’amphithéâtre ; pour cause, il y enseigne les sciences politiques et les études afro-africaines.

Une fascination pour la musique, les peuples et les identités

Le choix du pays de l’Oncle Sam n’a rien d’anodin pour le politologue. Ce dernier voulait, certes, étudier dans une université internationalement reconnue, mais surtout s’immerger dans la scène musicale afro-américaine en posant ses valises au quartier de Harlem, véritable terreau de cette culture.

L’auteur est fasciné par «les peuples, les idées, les identités et les musiques [qui] voyagent et changent», écrit Al-Fanar Media. Hisham Aidi vient en effet d’une «région marginalisée et cosmopolite. (…) Un carrefour de la culture berbère, amazighe et espagnole». «Tu grandis en parlant un semblant d’espagnol, de français et d’arabe. Tu ne te vois pas représenter le Maroc», se souvient d’ailleurs le professeur.

Son premier livre, «Redeploying the State : Corporatism, Neoliberalism and Coalition Politics» (Redéploiement de l’Etat : Corporatisme, néolibéralisme et coalition des politiques), ne lui a pas apporté de visibilité auprès des lecteurs, l’ouvrage ne ciblant pas un lectorat général. Son deuxième, «Black Routes to Islam» (Routes noires vers l'Islam) aborde l'Islam au sein de la diaspora africaine. En revanche, avec son troisième bouquin, primé, Hisham Aidi offre une plongée dans la relation qui lie le jazz, l’Islam et les mouvements des droits civils. De Rio de Janeiro à Paris en passant par Casablanca et Harlem, l’auteur s’aventure sur tous les sentiers pour analyser les influences et les héritages culturels qu’il a observés dans sa vie. Il évoque aussi la préoccupation que l’Islam engendre dans le monde ainsi que la surveillance post-attentats du 11 septembre qui a ciblé les musulmans américains.

Cerise sur le gâteau : le livre, une «délicieuse lasagne qui déborde», dit Aidi, est agrémenté d’une playlist disponible en ligne pour continuer le voyage. «Il y a tellement d’histoires connectées qui méritent d’être racontées. Il existe beaucoup trop d’histoires dissimulées.»

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