Un directeur d'une multinationale informatique interdit d’accès au royaume pour falsification de passeports

Une bien étrange affaire a animé le paysage judiciaire marocain : en août 2015, un homme est interpellé à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca en possession de trois passeports : syrien, émirati et guinéen.

L’individu d’origine syrienne, un dénommé M. L., se présente en tant que directeur général de la zone Afrique et Golfe d'une multinationale informatique, rapporte Médias 24.

Son passeport guinéen paraît louche. Le même jour, une enquête est ouverte par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). «A la descente du vol EK751 provenant des Emirats arabes unis, le suspect a présenté un passeport guinéen douteux. Il a été déféré à ce service car soupçonné d’appartenir à l’un des groupes terroristes opérant dans la zone syrienne. Ces derniers utilisent de faux passeports afin d’expédier leurs combattants dans certains pays, dont le Maroc, en vue d’y perpétrer des attentats», lit-on dans le PV de la BNPJ. En effet, «le passeport guinéen permet l’accès sans visa à de nombreux pays africains, dont le Maroc».

L’enquête préliminaire dure quatre jours, pendant lesquels M. L. est en garde à vue «selon les lois anti-terroristes» en vigueur dans le royaume. Suite à l’investigation, le suspect est à moitié blanchi car il ne figure sur aucune liste reconnue d’appartenance à la mouvance terroriste.

L’affaire se complique lorsque les passeports syrien et émirati sont passés au crible. Les deux documents sont également falsifiés. Le dossier est déféré devant le tribunal de première instance de Casablanca. Durant le procès, le ministère des Affaires étrangères à Conakry (Guinée) et le consulat marocain attestent de l’authenticité du passeport guinéen. En septembre 2015, le jugement est rendu : trois mois d’emprisonnement avec sursis et 500 dirhams d’amende. L’affaire est toujours en cours.