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Grand Angle

Près de 25 000 Marocains entreraient chaque jour à Ceuta pour travailler

Un compte-rendu de l’Association pour les droits de l’homme de l'Andalousie (APDHA) dévoile des faits marquants sur les transfrontaliers marocains qui travaillent à Ceuta, notamment sur leurs conditions de travail et leurs salaires. Détails.

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Les «femmes-mulets» touchent environ entre 8 et 25 euros par jour. / DR
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L’Association pour les droits de l’homme de l'Andalousie (APDHA) vient de révéler des données stupéfiantes sur le nombre et les conditions de travail des Marocains qui traversent la frontière pour se rendre à Ceuta. Selon El Pueblo de Ceuta, 25 000 ressortissants du royaume effectuent quotidiennement le trajet pour gagner leur vie et tenter de réduire ainsi la précarité dont ils souffrent au Maroc.

«Ce sont des hommes et des femmes qui vivent pour la plupart dans la wilaya de Tétouan et se déplacent chaque jour à Ceuta pour travailler légalement ou illégalement», lit-on dans un rapport élaboré par un groupe de chercheurs. Une minorité d'entre eux est issue de Tanger.

Les auteurs de l'étude relèvent également que les professions qu'ils exercent sont «genrées» : les hommes ont tendance à s'approprier les secteurs de la construction et de la restauration, contre les travaux domestiques et la prostitution pour les femmes. Beaucoup sont également «femmes-mulets». «Ces trois activités sont entièrement occupées par des femmes marocaines», poursuit le document.

99% des frontalières marocaines sont femmes de ménage ou «femmes-mulets»

De plus, des différences significatives se font jour en matière de salaires et de conditions de travail : les femmes de ménage sont confinées toute la journée dans la maison de leur employeur et n’ont qu’un seul jour de congé par semaine, pour 20 à 25 euros par jour. Un maigre salaire auquel il faut soustraire le prix du transport quotidien, qui équivaut à environ 3,20 euros.

Les «femmes-mulets», quant à elles, ont des horaires plus souples et concilient plus facilement travail et vie de famille ; le poste-frontière de Tarajal ouvre à 7h30 et ferme à 13 heures. En revanche, le salaire qui leur est versé varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment la valeur et le poids des marchandises qu'elles transportent sur leur dos et les fluctuations entre l’offre et la demande des produits qu’elle ramènent au Maroc. Ainsi, leur salaire moyen fluctue entre 8 et 25 euros par jour.

Les femmes de ménages et les porteuses concentre à elles-seules 99% des travailleuses frontalières, précise également le rapport. Un quasi-monopole qui laisse à penser que les travailleuses du sexe marocaines ne sont pas nombreuses. Pourtant, «toutes les prostituées à Ceuta sont marocaines», observent les chercheurs.

Une main d'oeuvre moins chère, mais sans aucun avantage social

Plus loin, l'étude souligne que les travailleurs transfrontaliers du royaume représentent naturellement une main d’œuvre moins chère, d’où l’attrait qu'ils suscitent auprès des employeurs espagnols de l'enclave. En outre, les ressortissants marocains ne bénéficient pas d'une sécurité sociale pour couvrir leurs soins de santé et ceux de leur famille. Ils ne disposent pas non plus d'un contrat de travail qui atteste de leur séjour temporaire dans la ville autonome.

D'ailleurs, l'APDHA ne manque pas de rappeler la législation espagnole : l'article 43 de la Loi organique 4/2000 du 11 janvier 2000 sur les droits et libertés des étrangers et leur intégration sociale stipule que ces derniers doivent obtenir une autorisation administrative mentionnant les conditions et les exigences du régime juridique interne, instauré en accord avec les directives européennes en matière d’immigration.

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