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Grand Angle

L'islam à l'origine de la fermeture de l'usine PSA à Aulnay ?

Le député-maire UDI de Drancy prétend que la fermeture du site automobile d'Aulnay-sous-Bois est «en partie» liée à l'«omniprésence religieuse». Une intox que le journaliste Jean-Michel Aphatie, aux commandes de l'interview, n'a pas daigné relever.

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Jean-Christophe Lagarde, député-maire UDI de Drancy. /France 3
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Bien étrange conception du journalisme que celle de Jean-Michel Aphatie. Ce mardi 3 janvier, Jean-Christophe Lagarde, député-maire UDI (Union des démocrates et indépendants) de Drancy, était l'invité du journaliste politique lors de l'interview matinale de France Info.

Interrogé sur les dérives communautaires liées à l’islam, l'édile de Seine-Saint-Denis répond d'abord que «la religion n’a rien à faire au travail». Puis on ne tarde pas à comprendre le nœud du problème selon lui : «Il y a eu des difficultés y compris dans mon département, par exemple à Aulnay-sous-Bois. On ne l’a jamais dit, mais une partie de la fermeture de PSA était liée aussi à l’omniprésence religieuse et au fait qu’il y avait des exigences religieuses au travail, d’arrêt de travail, de baisse de productivité, et dans le choix de PSA de fermer Aulnay, il y a eu aussi cet aspect-là.»

«Sur certaines lignes RATP (Régie autonome des transports parisiens, ndlr), ça existe aussi. Donc il y a besoin de remettre de la République», ajoute Jean-Christophe Lagarde, en référence aux cas de signalisation signalés dans la société francilienne de transports, qui emploierait plusieurs personnes fichées S.

Traduction : l'usine PSA Peugeot Citroën d'Aulnay-sous-Bois a, en partie, mis la clé sous la porte à cause de l'islam. Une analyse pour le moins sectaire et discriminatoire, face à laquelle Jean-Michel Aphatie, aux manettes de l'émission, ne pipe mot. Car c'est bien connu : par les temps qui courent, l'islam, entre autres, fait figure de parfait bouc émissaire. Le leitmotiv est d'ailleurs régulièrement repris dans les médias français.

Des salles de prière et des horaires aménagés

Contacté par le magazine Marianne, le groupe a balayé les affirmations de Jean-Christophe Lagarde. «Je n’ai aucun commentaire à faire sur ce point. Cette affirmation ne relève que de la responsabilité de celui qui l’a formulée», a commenté Pierre-Olivier Salmon, porte-parole de PSA. Selon lui, «la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois est à mettre en perspective avec la situation du groupe entre 2010 et 2013 et il a fallu prendre des mesures pour en assurer la pérennité».

PSA Peugeot Citroën a fermé en décembre 2013 son usine d’Aulnay-sous-Bois, qui employait encore 3 000 salariés à l’été 2012. En cause, les graves turbulences traversées par le groupe automobile à l'époque, alors au bord de la faillite.

L'usine aulnaysienne est connue pour employer un grand nombre d’ouvriers musulmans pratiquants. Comme d’autres sites de production du groupe, elle abritait une salle de prière depuis les années 80, comme le relatait Libération il y a sept ans. Les pauses déjeuners étaient également aménagées pendant le ramadan. En 2011, la distribution d’un calendrier musulman par Force ouvrière (FO) avait soulevé un tollé, selon Le Parisien. Or, jamais la fermeture de l’usine n’avait été publiquement liée à des revendications religieuses.

Pour rappel, le constructeur français va installer une usine près de la ville de Kenitra, dotée d'une enveloppe de 5 à 7,5 milliards de dirhams (500 à 700 millions d’euros). Elle assemblera, dès 2019, des moteurs et des véhicules de segments B (citadines polyvalentes) et C (compactes) couvrant les besoins de la région MENA et du Maroc.

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