Face à la tempête, il est indispensable de savoir se positionner. Hamid Chabat applique cette règle à la lettre. Pour préserver les chances de son parti de figurer sur la photo de famille du prochain exécutif, le secrétaire général du parti de l’Istiqlal (PI) n’a pas hésité à lâcher du lest, cédant certaines de ses prérogatives.
Il a désigné une troïka composée de Mohamed Essoussi, Hamdi Ould Erchid et Bouâmar Taghouane, chargée de poursuivre les négociations avec Abdelilah Benkirane sur les modalités d’une éventuelle intégration du PI dans le projet de la coalition gouvernementale.
Une concession de taille pour un homme qui tient en main l’ensemble de l’appareil du parti et ses structures parallèles. Ce n'est d'ailleurs pas la seule proposition lancée par Chabat. Dans un discours adressé devant les membres du conseil national de l’Istiqlal, il vient d’annoncer officiellement n’avoir aucune ambition personnelle pour un poste ministériel.
Chabat a su sortir de l’impasse
En guise de cerise sur le gâteau, l’ancien maire de Fès a proclamé que sa formation n’occupera pas les bancs de l’opposition aux côtés du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), au cas où Abdelilah Benkirane cèderait à la condition du président du Rassemblement national des indépendants (RNI) et déciderait d’écarter le PI. Voilà une initiative qui risque fort d’embarrasser le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD).
Par ces trois concessions, Hamid Chabat met en jeu son avenir politique. Dans tous les cas de figure, il devrait en sortir gagnant. Le chef de file de l’Istiqlal marquera des points si Aziz Akhannouch accepte que des ministres du parti de la Balance, non partisans de la ligne du secrétaire général, intègrent le gouvernement. Au final, l'Istiqlal ne sera donc pas écarté. Pour l’autre cas de figure, si Abdelilah Benkirane rejette sa main tendue, Hamid Chabat continuera de l’appuyer dans les deux Chambres du Parlement.
Aujourd’hui, Hamid Chabat a prouvé à ses opposants, à l’intérieur comme à l’extérieur de son parti, qu’il a bien d’autres cordes à son arc. Se débarrasser de lui au prochain congrès d’avril pourrait s’avérer une tâche difficile.