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Grand Angle

Désintox : L’eau potable à Casablanca est-elle polluée et impropre à la consommation ?

L’eau potable à Casablanca est-elle polluée ? La réponse est affirmative, à en croire un nouvel article de presse relayé jeudi par un média marocain. La source d’information ? Un énième indicateur de la plateforme Numbeo, basé lui aussi sur l’avis de 24 personnes. Détails.

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Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

La volonté affichée par certains médias pour placer Numbeo, plateforme basée sur des sondages menés auprès des visiteurs, en tant que «spécialiste des études sur le niveau de vie, la sécurité, la pollution, la couverture sociale, l’habitat et l’environnement», se poursuit. Après les excès de vitesse concernant l’indice de criminalité et celui relatif à la pollution, publiés respectivement par cette plateforme en septembre et décembre, avant d’être relayés par un grand nombre de médias marocains, il est temps d’évoquer la qualité de l’eau potable à Casablanca.

Ainsi, nos confrères de Hespress ont publié jeudi matin un article sur ce sujet, citant «un classement mondial» qui s’avère être élaboré par la tristement célèbre plateforme participative. L’article en question indique que le classement fait état de mauvaises nouvelles sur la qualité de l’eau potable dans la capitale économique. «L’eau potable consommée par les Casablancais est d’une qualité de 32,5% et représente un taux de pollution dépassant les 67%», écrit le site d’informations. Ce dernier cite aussi un taux 88,04%, censé représenter l’«impact de la pollution sur l’eau potable» dans la ville blanche. La même source ne manque pas de rappeler, toujours en citant Numbeo, que la métropole fait face à plusieurs problèmes qui impactent la qualité de vie des Marocains, «au moment où Casablanca fait une course contre la montre afin de se réserver une place parmi les villes intelligentes».

Bien que Numbeo ne réserve pas une rubrique dédiée à la qualité de l’eau, l’indicateur évoqué par l’article en question est classé dans la partie réservée à la pollution à Casablanca. Consultée ce vendredi, la qualité d’eau passe à 35,71% alors que le taux de pollution de l’eau atteint désormais 64,29%. Des chiffres qui restent loin de la réalité, puisqu’ils ne représentent que l’avis et la perception de «24 contributeurs», comme indiqué sur la même page révélant ces données. Pour appuyer ces informations, le média arabophone donne la parole à un militant associatif, lequel ne mâche pas ses mots sur le gestionnaire délégué, l'accusant même d’entraver le travail des laboratoires et des analyses sur l’eau du robinet.

De la source au robinet des consommateurs, plusieurs tests et analyses effectués

Mais l’eau potable passe-t-elle directement de la source aux robinets des Casablancais sans aucun contrôle, comme le sous-entend Hespress ? Il faut reconnaître que l’eau du robinet passe par plusieurs étapes avant de parvenir aux maisons casablancaises. Elle provient essentiellement de deux principales sources : les rivières Oum Rabie et Bouregreg. Dans des usines de productions, placées sous la tutelle de l’Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) et la Société des eaux d’Oum Rabie (SEOR), l’eau traitée sera analysée à travers des premiers tests avant de poursuivre son chemin vers Casablanca à bord des réservoirs de la Lydec.

Avant d’être distribuée aux foyers, l’eau est ensuite contrôlée par Labelma, un laboratoire mis en place par le gestionnaire déléguée pour surveiller la qualité de cette denrée essentielle. Et ce n’est pas tout. Une source interne au sein de la Lydec nous indique ce vendredi que les autorités sanitaires du ministère de la Santé passent aussi au peigne fin l’eau produite.

D’ailleurs, le gestionnaire délégué s’est engagé à publier, de façon périodique, les «bulletins de l’eau». Des documents consultables par les Casablancais qui détaillent l’ensemble des analyses effectuées sur des prélèvements à partir des robinets des consommateurs. Bien que son goût et sa qualité gustative changent en fonction des saisons, des roches, des sols et des sources, la qualité de l'eau et sa potabilité, qui concernent directement des millions de Casablancais, restent donc une ligne rouge.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois que les médias marocains relayent des informations puisées auprès de Numbeo. Après le hoax sur Casablanca, soit disant cinquième ville la plus polluée au monde en septembre dernier, un Global Crime Index, qui évoque la sécurité et la criminalité dans les pays du monde et notamment au Maroc, issu de la même plateforme, a été repris en chœur par plusieurs organes médiatiques. Encore faut-il rappeler que Numbeo n’est qu’une simple plateforme participative où l’ensemble des indices sont basés sur la perception et le ressenti exprimés par un nombre restreint d'internautes sur leurs pays de résidence ou les endroits qu’ils ont visités.

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