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Grand Angle

Makhzen, élections et situation générale au Maroc : Les points saillants du rapport annuel d'Al Adl Wal Ihsane

Une corruption endémique, des droits de l’Homme et du citoyen marocain en dégradation, des élections législatives loin de représenter la volonté populaire, des guéguerres partisanes qui ne prennent pas en compte la volonté de l’électeur et un système politique qui reste à l’origine de tous les maux. C’est ce qui ressort du rapport annuel du cercle politique du Mouvement Al Adl Wal Ihsane, publié jeudi à l’issue de la 20e réunion de son Conseil national. Le point sur les grandes lignes.

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Le 20e Conseil national d’Al Adl Wal Ihsane, tenu dimanche 27 novembre. / Ph. Al Adl Wal Ihsane
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Le Mouvement Al Adl Wal Ihsane dresse un rapport bien négatif de la situation politique et sociale du Royaume, à l’occasion du renouvellement de son cercle politique. Lors du 20e Conseil national d’Al Adl Wal Ihsane, dimanche 27 novembre, Abdelouahed El Moutawakil a été réélu au poste de président du cercle politique. Ce jeudi, la Jamaâ publie sur son site officiel un document dans lequel les frères de Mohamed Abbadi tirent à boulets rouges sur la monarchie, les partis politiques et la situation générale du pays.

L’instance, qui fait office de secrétariat général de la Jamaâ, introduit son rapport par une contextualisation rapide. Elle évoque le mouvement de protestation de la société marocaine, qui souffle cette année sa 5e bougie. «La volonté du peuple de se révolter contre une politique qui conduira le Maroc vers un bourbier de déclin plutôt que vers une renaissance de l'opinion et du développement, s’est malheureusement heurtée aux slogans engourdis des discours officiels illusoires», dénonce d'emblée le cercle politique du Mouvement.

Le Makhzen à l'origine de tous les maux, selon Al Adl Wal Ihsane

Rappelant la volonté du système «de semer la confusion et de perturber l'équilibre», la même source fait savoir que la survie de ce dernier «n’est pas due à sa force puisque sa fragilité est démasquée à chaque mouvement de protestation». Sa survie résulte plutôt de la «dispersion des forces de la société et [du] soutien de l'arrogance mondiale prenant comme otages les régimes despotiques qui se sacrifient pour leur permettre l’accès aux intérêts et aux capacités des peuples», note le rapport.

Tout en pointant du doigt l’«absence de la volonté de considération et la détermination du système de poursuivre son approche tyrannique à chaque fois que le Makhzen se sent loin de son goulot d'étranglement», le cercle politique met en exergue «la corruption endémique qui conduit inévitablement à l'aggravation de l'ébullition populaire».

Le bras politique du mouvement de feu Abdeslam Yassine ne rate pas l’occasion de fustiger les élections législatives du 7 octobre dernier et les formations politiques qui vont avec. Un rendez-vous qui a permis de mettre en lumière «deux volontés : celle de la tyrannie et de ses protecteurs (…) et la volonté populaire (…) qui a boycotté ces élections avec beaucoup de maturité et de conscience de l'impact de cette position», lit-on dans le document.

Ce dernier met aussi l’accent sur «la futilité des rendez-vous électoraux dans un système politique autoritaire où les élections ne dépassent guerre le rôle de marketing et de décoration de façade afin de dissimuler la réalité du monopole de la monarchie sur les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, sécuritaire et économique». Le cercle de la Jamaâ juge également que les trois derniers mois montrent «clairement» le rôle du véritable exécutif qui «gère les affaires politiques et économiques internes et externes sans aucun contrôle ou compte à rendre».

«La majorité du peuple marocain a boycotté les élections, avec un taux d'abstention d'environ 80%, ce qui fait des institutions élues des instances minoritaires incapables de gagner leur propre légitimité (…). Nous saluons la majorité du peuple marocain pour sa position historique et sa vigilance (…).»

Droits de l’Homme, pouvoir d’achat des Marocains et situation de l’école publique

Plus loin, l'étude pointe du doigt le retard de la formation du gouvernement et s'en prend aux «guéguerres qui rappellent tout sauf la volonté des électeurs», les qualifiant d’«échec de l’offre politique».

Le rapport dresse aussi un bilan noir de la situation des droits de l’Homme, abordant l’atteinte au pouvoir d’achat des citoyens, l’augmentation du prix des factures d’eau et d’électricité, la pauvreté, la corruption ainsi que l’atteinte à la liberté d’expression et d’opinions dont sont victimes plusieurs journalistes, sympathisants et membres de la Jamaâ. Le rapport revient aussi sur la mort de Kamal Ammari, celle de Mohsine Fikri et d’autres affaires qui «confirment le principe de liquidation systématique, l’humiliation et le piétinement de la dignité du citoyen, et surtout la présentation de boucs émissaires à la place des véritables auteurs de ces crimes dans le but de contenir la colère populaire».

Le cercle politique s'attarde enfin sur les maux de l'école publique marocaine et l’absence d’une volonté de pallier à ses dysfonctionnements. «Nous guérirons les blessures de notre système éducatif le jour où il deviendra indépendant de la gestion individuelle du Makhzen et sera la cause de tout le peuple», soutiennent les auteurs du rapport, appelant à un front national pour la refonte du système éducatif «basée sur la participation du peuple dans le cadre d’un projet communautaire homogène et intégré, loin de la surenchère politique et des procédures troublées».

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