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Retour sur l'unique petit-déjeuner entre Hassan II et Fidel Castro à Rabat en avril 1963

En avril 1963 Fidel Castro effectuait son premier voyage officiel en Union soviétique. L’avion qui le transportait à Moscou a fait escale à Rabat, le temps de prendre le petit déjeuner avec Hassan II. Les deux hommes discutèrent pendant deux heures, racontait le monarque dans «Mémoires d’un roi». La discussion a montré les profondes divergences entre les deux hommes.

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Fidel Castro avec Nikita Khrouchtchev à Moscou en 1963 / DR
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Durant la Guerre des Sables, Fidel Castro s’était engagé militairement aux côtés des Algériens. Mais quelques mois plutôt, le leader cubain prenait le petit déjeuner avec Hassan II à Rabat. Une rencontre inédite entre deux hommes qui n’avaient rien en commun. Nous sommes en avril 1963, l’avion des lignes soviétiques qui transportait Castro vers Moscou effectuait une escale au Royaume. C’est au cours de cette halte que le Cubain avait émis le souhait de se réunir avec le roi.

S’en est suivie une discussion de deux heures, révélait Hassan II dans le livre «Mémoires d’un roi» ; mais les divergences étaient criantes entre les deux chefs d’Etats. Pour Hassan II, Castro était un radical communiste. Cette réunion était déterminante dans la définition des relations entre les deux chefs d’Etats.

L’éclatement de la Guerre des Sables en octobre 1963, donnait l’occasion au leader cubain d’exprimer publiquement son hostilité à l’encontre du régime Hassan II. Castro accepte de fournir une assistance militaire à l’armée algérienne. En effet, face à l’avancée des Forces armées royales en direction de Tindouf, Abdelaziz Bouteflika (alors ministre des Affaires étrangères) a été chargé de présenter une requête à l’ambassadeur cubain à Alger. La demande a immédiatement été approuvée par La Havane, révélait Castro dans son livre «My Life : A Spoken Autobiography».

Mehdi Ben Barka, un autre sujet de discorde         

Deux ans après le petit déjeuner de Rabat d’avril 1963, Hassan II tenta de renouer le «dialogue» avec Castro. Alors qu’il se trouvait à Francfort en Allemagne, le roi lui envoya un émissaire porteur d’un message au sujet de Mehdi Ben Barka. Le monarque exigeait du Cubain de ne plus recevoir son farouche opposant «au risque de voir abandonner par le Maroc l’important contrat signé début 1965 pour l’importation d’environ 150.000 tonnes de sucre, chaque année», écrivait Maurice Buttin dans son livre «Ben Barka, Hassan II, De Gaulle : ce que je sais d’eux».

L’avocat de la famille Ben Barka racontait que le leader cubain avait refusé l’offre royale. En septembre 1965, soit un mois avant son assassinat à Paris, il avait fait part à Ben Barka lors d’une réunion à La Havane de la teneur des discussions avec l’émissaire de Hassan II. A l’époque, le Marocain était le président du comité préparatoire de la conférence tricontinentale et l’étau commençait à se resserrer sur Ben Barka. La chute du président Ben Bella, à la suite d’un coup d’Etat mené par le colonel Boumediene le 19 juin 1965, laissa le Marocain sans appui financier. Castro n’a pu combler cette perte. La suite est connue.

L’Angola était un autre terrain de confrontation entre Hassan II et Castro. Durant la guerre civile dans ce pays (1975-2002), le premier appuyait les forces de l’Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) de Jonas Savimbi alors que le deuxième était du côté du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) de l’actuel président de la république José Edouardo Dos Santos.

Le 8 avril 1980 sur un plateau d’une chaîne française, l’occasion se présenta pour Hassan II d’exprimer publiquement et sans ambages ce qu’il en pense du régime cubain : «Castro n’est qu’un dictateur !»

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