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Grand Angle

Dépression saisonnière : Un mal passager à ne pas négliger

Lorsque part le beau temps et vient la pluie, il n'y a pas que le ciel qui s'assombrit, mais aussi le mental de plusieurs personnes. Cette maladie a un nom : dépression saisonnière. Mieux encore : la déprime hivernale, car c’est pendant cette saison ainsi qu’en automne que cette affection psychologique est particulièrement fréquente. Entre 3 et 5 % des individus en souffrent dans l'hémisphère nord du globe.

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Pour lutter contre la dépression hivernale, la luminothérapie comblerait nos besoins en lumière naturelle. / Ph. Getty Images (S. Aknine)
Temps de lecture: 3'

La dépression saisonnière doit être distinguée des simples chutes d'humeur dont souffre une personne sur deux en automne et en hiver (coup de blues hivernal). La rareté du phénomène ne remet pas en question son existence, mais plutôt les faibles intensités et prise de conscience chez les patients, selon Bernard Corbel, psychothérapeute à Casablanca contacté par Yabiladi. Il explique que cette hypersensibilité au changement du climat et de la météo doit être constatée d’abord par le «patient». Si les gens ont tous tendance à dormir et manger plus au cours de ces deux saisons, tout en subissant une petite perte de tonus et un ralentissement de certaines activités, le trouble affectif saisonnier peut parfois être plus prononcé.

Un manque de lumière à l'origine de ces troubles

La dépression saisonnière, ou trouble affectif saisonnier (TAF), est une dépression liée au manque de lumière naturelle : «C’est très rare que cela arrive au début de l’été, mais c’est possible. Le TAF est plus connu dans l’hémisphère nord parce qu’il est attaché à une durée d’exposition à la lumière du jour qui est plus courte pendant l’hiver», explique Dr.Hajar Mehdi, psychiatre interrogée par Yabiladi. «Ainsi les neuro-transmetteurs, surtout la mélatonine et la sérotonine (intervenant notamment dans la régulation de l'humeur, du sommeil, de l'appétit et de la température du corps, ndlr), ont tendance à être déséquilibrés pendant ce manque de lumière ; l’horloge biologique aussi, par conséquent», poursuit-elle.

Pour confirmer ce trouble affectif saisonnier, il faut donc qu’il survienne au même moment chaque année, en automne ou en hiver, pendant au moins deux années consécutives, et qu'il dure jusqu’au printemps suivant. De manière générale, la spécialiste décrit la dépression comme un triangle reliant la biologie, la psychologie et l'environnement social. Le déséquilibre entre ces trois points est l’une des hypothèses avancées pour expliquer la survenue d’une dépression, qui reste un phénomène multifactoriel, nuance Dr.Hajar Mehdi. La dépression saisonnière, elle, est intensifiée par le stress des tâches quotidiennes : travail, enfants, famille ou études font augmenter la pression ainsi que la fatigue physique et mentale.

Les femmes plus concernées ?

Au Maroc, le phénomène est faiblement constaté. «Je connais des cas qui s’auto-définissent comme étant sujets à une dépression saisonnière, surtout des femmes qui viennent consulter en connaissance de cause. Même s’il n’y a que deux ou trois mois d’hiver au Maroc, la tendance s’est accentuée avec le changement d’heure : depuis l’installation du système GMT+1, les gens sont perturbés par rapport à leurs horloges biologiques. Ce changement agit sur le sommeil, les neurotransmetteurs et l’humeur, et donc sur la dépression», estime Dr.Hajar Mehdi.

Autre remarque : la dépression saisonnière est plus tangible chez les femmes, observe la psychiatre. «Les facteurs de risque de la dépression sont généralement plus élevés chez la gent féminine, de par sa biologie, ses hormones, les périodes hormonales de grossesse et post-grossesse et ou les événements stressants de la vie», explique-t-elle.

Quel impact et quel traitement ?

La dépression agit sur la concentration, récapitule Hajar Mehdi : «Une personne intelligente et éveillée qui en souffre devient perturbée car elle manque de sommeil ou pense excessivement à plusieurs choses et a du mal à se focaliser sur un seul souci. Son rendement et sa productivité au travail se retrouvent affectés, car la personne est plus irritable, surtout quand c’est une activité collective.»

Pour surmonter la dépression saisonnière, la cure est identique à celle d’une dépression sans facteurs précipitants, précise la psychiatre. «Il faut soit un traitement de psychothérapie, comme une thérapie cognitivo-comportementale, soit un traitement d’antidépresseurs avec un suivi régulier.»

Concernant le traitement médicamenteux, la praticienne recommande les molécules qui agissent sur la mélatonine, reconnus pour favoriser le rétablissement du cycle biologique. «La carence en vitamine D est l’un des facteurs biologiques de risque de dépression. Bien que le Maroc soit un pays très ensoleillé, plusieurs citoyens souffrent de cette carence. C’est ce qui revient le plus à chaque fois qu’on demande un bilan. La vitamine D est vraiment nécessaire à l’équilibre neurologique. Je ne vais pas recommander une cure, mais elle fait partie des traitements associés au traitement antidépresseur.»

Le manque de lumière, principale cause de la dépression saisonnière

Durant la période hivernale, les journées sont plus courtes et la luminosité moins intense. Celle-ci passerait de 100 000 lux (unité de mesure de la luminosité) les jours d’été ensoleillés à parfois à peine 2 000 lux les jours d’hiver.

Article modifié le 2016/11/25 à 08h55

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