A Al Hoceima, le décès de Mohcine Fikri continue de mobiliser les habitants. Samedi soir, la "Place des Martyrs" a connu une nouvelle contestation. L’affluence était en retrait comparée aux précédentes semaines mais il est lieu de signaler la portée des slogans socio-politiques entonnés par les participants, réclamant la «dignité», «justice» et la «fin de la «Hogra»».
Des drapeaux de «Tamazgha», de la «république du Rif» avec des photos de son fondateur, El Khattabi, et celles de «Moui Fatiha», la vendeuse ambulante qui s’est immolée par le feu à Kenitra, accompagnaient la protestation. Un activiste amazigh de la Kabylie y était présent, indique un média local.
Division des meneurs de la mobilisation
Le sit-in d’hier soir s’est conclu par une allocution donnée par un membre de la commission du suivi du décès de Mohcine Fikri. Il a insisté sur la poursuite de la contestation pour que les responsables soient traduits devant la justice, citant notamment le nom du ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Aziz Akhannouch, responsable selon lui de la mort tragique du jeune marchand de poisson, survenue le 28 octobre dernier.
Malgré cette mobilisation, le groupe à l’origine des manifestations s’est scindé en deux. Des sources à Al Hoceima pointent du doigt une concurrence féroce entre les partis le PAM et Annahj Addimocrati (extrême gauche) pour s’accaparer le leadership de la contestation qui serait à l’origine de cette division. La semaine dernière une nouvelle entité a vu le jour, baptisée «Mouvement du 28 octobre du martyr Mohcine Fikri».
Le «Mouvement du 18 septembre pour l’indépendance du Rif», parrainé financièrement par le trafiquant de drogue Said Chaôu, tente également de politiser le drame du vendeur du poisson en appelant à la poursuite des «protestations dans la perspective d’une désobéissance civile complète».
Pour de nombreux acteurs politiques locaux, le décès de Mohcine Fikri se résume à une aubaine pour redorer une image lézardée ou régler de vieux comptes avec le pouvoir. En 2011, le Mouvement du 20 février avait souffert des conséquences de la même division.