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Grand Angle

La finance climat, au Maroc, c’est quoi ?

Masen a émis jeudi 3 novembre, pour la première fois au Maroc, des green bonds. Un premier pas du Maroc au sein du vaste monde de la «Finance climat». Concept valise un peu obscure, la finance climat recouvre des enjeux majeurs pour le Maroc. Explications.

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Temps de lecture: 3'

Le finance climat, c’est un peu comme la finance islamique, elles consistent toutes les deux à attribuer une vocation a priori à de l’argent. «Un supplément d’âme» a même osé Mustapha Bakkoury ancien financier et actuel président de la très rayonnante Agence marocaine pour le développement durable, vendredi 4 novembre 2016, en ouverture du Finance Climate Summit. La veille, l’Agence avait bouclé pour la première fois au Maroc une émission d’obligations vertes auprès de banques, d’assurances et d’une caisse de retraite marocaines pour financer trois nouvelles centrales photovoltaïques pour plus d’un milliard de dirhams.

Si la finance islamique exige que l’on respecte un certain nombre de principes et de règles issu de l’Islam dans l’allocation de l’argent, la finance climat exige que l’on respecte des principes écologiques. Le Maroc débute dans les deux domaines, mais si la labellisation «islamique» des produits financiers est accordée par le Conseil des Oulémas, l’Autorité Marocaine des Marchés de Capitaux (AMMC) opte au contraire pour une externalisation du label «vert».

Dans le cas des ‘green bonds’, ces emprunts sur les marchés financiers qui doivent  financer des projets aux bénéfices environnementaux, «des revues externes réalisés par des tiers indépendants comme des agences de notation extra-financières, ou des organismes de certifications sont amenés à donner leur opinion sur le caractère vert de l’émission, explique Nasser Seddiqi, directeur des Emetteurs à l’AMMC. L’Autorité vient juste d’achever la définition de la procédure à suivre pour être autorisé à émettre des ‘green bonds’ au Maroc. «Les auditeurs ou les commissaires aux comptes viennent s’assurer ensuite de l’usage effectif des fonds levés, de leur suivi », précise-t-il.

La finance climat

Les ‘green bonds’ ne constituent toutefois qu’une toute petite partie du monde de la finance climat. A Copenhague, en 2009, les pays développés ont, par exemple, promis d’apporter 100 milliards de dollars d’aide au pays en développement d’ici 2020 dans le cadre du réchauffement climatique attisant l’appétit de dizaines de pays en développement. Le Maroc, en dépit de ses espoirs, n’a toujours décroché aucun prêt du Fonds Vert pour le Climat qui devrait catalyser une partie de ces fonds. En tant que pays hôte de la Cop22, il a par contre un rôle à jouer : pousser les pays développés à mettre le plus d’argent possible sur la table. Dans son discours d’ouverture de la conférence climat de Bonn en mai dernier, Salaheddine Mezzouar, président de la Cop22, a ainsi annoncé qu’il inciterait à la création d’un «mécanisme de financement accéléré».

Les fonds ‘verts’ ont tendance à se multiplier dans l’espoir de catalyser les fonds disponibles sur les marchés vers des projets écologiques. Au Maroc, avant les tous nouveaux ‘green bonds’, il n’existait qu’une seule forme de financement écologique : la ligne de crédit dédiée aux projets d’efficience énergétique par la BMCE grâce à l’argent de la BERD, la Banque allemande de développement KfW, la Banque européenne d'investissement (BEI) et l'Agence française de développement (AFD). Dans le cadre du programme MorSEFF, elles ont accordé 75 millions de dirhams de prêts à des entreprises marocaines pour améliorer leur efficience énergétique par le biais de la BMCE et de la BCP. Attijariwafa Bank a également annoncé vendredi qu’elle était en train de mettre en place son propre fonds vert de 50 millions de dollars dédié à l’amélioration de l’efficience énergétique des PMe

Le grand problème de la Finance Climat dans le monde comme dans sa déclinaison marocaine est justement sa trop grande vocation à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre or elle est surtout le problème des pays industrialisés qui polluent. L’adaptation au changement climatique reste celui des pays en développement car ils sont plus vulnérables. Interpellé pendant le Finance Climate Summit, Brahim Benjelloun Touimi, directeur général de la BMCE, a ainsi tenu à annoncer qu’il était « sur le point de signer un accord avec l’AFD et la BEI pour le financement d’un projet de gestion de l’eau». Plus largement, le second grand défi du Maroc pour la Cop22 est donc de convaincre les pays développés de diriger leur argent vers l’adaptation - économie d’eau, réforme de de l’agriculture - plutôt que vers l’atténuation - énergies renouvelables et efficacité énergétique.

Reste enfin à savoir si ces financements catalysés par tous ces fonds verts iront bien à ceux qui en ont besoin, selon les besoins qu’ils auront exprimés. «La région de Marrakech qui souffre d’une accélération du stress hydrique fait face depuis peu au développement de cultures et d’activités touristiques très consommatrices d’eau. Nous avons donc besoin d’investir dans des ouvrages hydrauliques de rétention des eaux de surface et dans une nouvelle génération de plans d’assolement, mais nous manquons de financement, regrette un collaborateur de Ahmed Akhchichine, président de la Région Marrakech-Safi. Les micro-crédits intelligents, les banques communautaires de développement existent ainsi que des institutions internationales qui drainent l’argent de la finance climatique mais il faut savoir comment amener les deux à se parler, car nous avons perdu l’échelon intermédiaire avec la centralisation bancaire. » Un appel à la localisation de la finance climatique sera lancé le 14 novembre à Marrakech à l’issu du Sommet des élus locaux.

Très bonne initiative
Auteur : francomarocophile
Date : le 07 novembre 2016 à 22h44
Espérons que ça marchera, contrairement à la finance islamique qui est de la foutaise (interdiction des intérêts dans l'islam). Personne n'a jamais rencontré dieu, on ne sait pas s'il existe par contre les pauvres existent bel et bien et on les rencontre á tous les coins de rue, tout le monde (ou presque) en a dans sa propre famille.
Pas question de faire cadeau aux banques, il faut discuter Le meilleur taux pour ses placements et donner les intérêts à ceux qui en ont besoin et on a aucun mérite puisqu'on ne touche pas à son capital.
Dernière modification le 07/11/2016 22:45
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