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Grand Angle

Belgique et lutte contre le terrorisme : Les communautés musulmanes négativement impactées selon HRW

Suite à trois missions menées en Belgique au lendemain des attaques de Paris et de Bruxelles, l’ONG internationale Human Rights Watch revient ce jeudi avec un rapport accablant sur les droits de l’Homme des personnes arrêtées et interpelées. Le rapport souligne que les mesures du gouvernement belge soulèvent des craintes relatives aux droits humains. L’occasion de HRW de signaler également que «toutes les personnes arrêtées, sauf une, étaient musulmanes et toutes, sauf deux, étaient d’origine nord-africaine». Synthèse.

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Des voitures de police et des secours à Bruxelles après l'attentat du 22 mars dernier. /20minutes
Temps de lecture: 3'

La réponse aux attaques terroristes en Belgique soulève des craintes relatives aux droits humains, indique jeudi l’ONG internationale Human Rights Watch dans un rapport intitulé «Sources d’inquiétude, les réponses antiterroristes de la Belgique aux attaques de Paris et de Bruxelles».

Dans le rapport, l’ONG internationale revient sur les événements de Paris (13 novembre 2015) et de Bruxelles (2 mars 2016), les attaques terroristes et les mesures prises par le gouvernement belge. Elle rappelle les centaines de perquisitions, d’arrestations, de contrôles et de fouilles, y compris à Molenbeek, le quartier de Bruxelles dans lequel de nombreux auteurs des attaques de Paris et de Bruxelles habitaient ou ont séjourné.

Ces actions ont permis aux autorités de condamner 43 suspects et d’en inculper 72 autres pour des crimes en lien avec le terrorisme, poursuit la même source, en notant que dans les affaires qu’elle a examinées, «toutes les personnes arrêtées, sauf une, étaient musulmanes et toutes, sauf deux, étaient d’origine nord-africaine». Selon HWR, «seul un des suspects a été accusé de terrorisme mais dans un cas d’erreur d’identité», poursuit la même source et notant aussi que «dans 25 cas, les personnes alléguant avoir fait l’objet d’abus étaient musulmanes, toutes d’origine maghrébine à l’exception d’une personne». 

«Les gouvernements ont certes le devoir de protéger leurs citoyens contre les attaques et de mettre les auteurs de ces crimes face à leur responsabilité», a déclaré Letta Tayler. «Mais des mesures disproportionnées affaiblissent l’État de droit, alimentent la méfiance des autorités à l’égard des communautés musulmanes et divisent la société alors qu’elle doit rester unie face à des groupes comme l’EI», poursuit-elle.

Au cours de trois missions menées en Belgique, L’ONG a interrogé 23 personnes alléguant des abus physiques et violences verbales ainsi que 10 proches ou avocats de ces personnes dans le cadre des opérations antiterroristes. Pour les témoignages publiés dans le rapport, HRW signale que les noms ont été changés «car elles ont déclaré craindre les représailles des autorités belges ou des groupes antimusulmans».

Ciblés parmi d’autres, au motif qu’ils étaient musulmans

Omar, l’une des personnes interviewées par HRW déclare que «de nos jours, c'est pas facile d'être arabe, musulman, et d'habiter à Molenbeek». Il affirme, par la suite, que la police belge l’aurait frappé après l’avoir placé en détention sur des soupçons d’implication dans les attaques de Bruxelles puis l’avoir relâché sans retenir aucune charge contre lui. «On se fait attaquer par l'État islamique, qui nous dit que nous sommes des mécréants, qu'on n’a rien à faire là. Et on se fait attaquer par l'État, qui dit : ‘Vous avez à voir avec l'État islamique’», s’indigne-t-il.

Human Rights Watch a rassemblé aussi des informations sur quatre travailleurs musulmans qui ont perdu leur autorisation d’accès et ont été suspendus sans solde de leur travail au lendemain des attaques de Paris ou de Bruxelles. «Ils ont pu être ciblés parmi d’autres employés occupant des postes similaires au motif qu’ils étaient musulmans plutôt que sur la base de motifs objectifs, ce qui est préoccupant», estime l’ONG.

Cette dernière rapporte le récit d’Alexis Deswaef, avocat de «Stefan», un musulman âgé de 31 ans, qui aurait, lui aussi, souffert d’abus de la part de la police. Des policiers armés jusqu’aux dents auraient enfoncé la porte de son appartement avec un bélier à 5h35 du matin le 23 novembre 2015. Frappé à la tête avec un fusil d’assaut, Stefan a souffert de blessures à la tête et d'ecchymoses à la poitrine et à l’épaule gauche. «Mon client a crié de ne pas tuer les enfants. C’était tellement violent que mon client a pensé qu'il s'agissait de dangereux criminels plutôt que de policiers», raconte l’avocat. La plainte, citée par HRW, indique que lorsque Stefan a demandé à la police «pourquoi ils voulaient le tuer», un policier a répondu «parce qu’il était un terroriste» et a accusé Stefan de cacher le suspect de l'attaque de Paris, Salah Abdeslam.

HRW rappelle que la plupart des musulmans «sont des descendants de Marocains que le gouvernement (…) a encouragé à venir en Belgique dans les années 60 et 70 pour travailler dans les mines, dans les usines et dans le secteur de la construction». Dans une moindre mesure, la population musulmane compte également des personnes d’origine turque, note l’ONG. Elle souligne enfin que «le droit belge autorise les victimes à demander réparation (…) pour les dommages matériels causés pendant les perquisitions menées par la police ou d’autres autorités publiques». Toutefois, «le potentiel de réparation est souvent illusoire», conclut la même source.

Belgique
Auteur : kaloupile
Date : le 06 novembre 2016 à 08h07
"Ces actions ont permis aux autorités de condamner 43 suspects"

Donc on peut dire 43 coupables, puisque condamnés. C'est ça l'état de droit.
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