Trois mois nous séparent d’une échéance cruciale pour le Maroc. Les 30 et 31 janvier 2017, la capitale éthiopienne accueillera le sommet de l’Union africaine (UA). La réunion devrait en principe sceller le retour du royaume au sein de l'instance. En attendant ce rendez-vous, la visite de Mohammed VI au Rwanda, du 18 au 23 octobre, a révélé la nouvelle campagne diplomatique du pays pour plaider sa demande.
Fort de ses succès sur le continent, Rabat souhaite désormais une réintégration sans condition dans les rangs de l’UA. En témoigne le communiqué maroco-rwandais publié hier à l’issue de la visite du souverain dans le pays de Paul Kagame. Kigali s’engage en effet à «œuvrer pour sa réussite (la demande officielle marocaine, ndlr), à la faveur d’une admission prompte et inconditionnelle du Royaume du Maroc dans sa famille institutionnelle panafricaine, dès le prochain Sommet de l’UA», peut-on lire.
Une riposte aux obstacles de l’axe Alger-Pretoria
Force est de constater que le Maroc a mis en sourdine, depuis juillet dernier, sa requête de suspendre la «RASD» de l’UA - ses médias officiels l’ont d’ailleurs complètement oubliée. En échange, le royaume exige un «retour sans condition». L’appui du président rwandais est déterminant pour la réalisation de cet objectif. Kagame jouit d’une aura dans l’Est du continent ; son pays est présenté comme un modèle de développement en Afrique. Sans oublier que ce soutien émane du chef d’un Etat qui reconnaît toujours la «RASD». Il en est de même pour la Tanzanie et l’Éthiopie, les deux autres étapes de la tournée royale dans la région. Si Addis-Abeba et Dodoma suivent les traces de Kigali, Rabat pourrait affronter le 28e sommet de l'organisation avec optimisme.
L'exigence d'un retour sans condition traduit la riposte du Maroc aux obstacles dressés par l’axe Alger-Pretoria pour compliquer ou retarder une telle réintégration. Les deux États ont déjà dégainé les premiers. Très influents au sein du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, ils ont exigé, mi-août, que Rabat s’engage à respecter certains articles de l’Acte constitutif de l’UA, dont le quatrième. Celui-ci est composé de 16 alinéas ; deux seulement concernent particulièrement le cas du Maroc. Le premier appelle à l’«égalité souveraine et l’interdépendance de tous les États membres de l’Union» et le second exige le «respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance».