Le roi Mohammed VI a présidé, cet après-midi, l’ouverture de la première session de la première année législative de la 10ème législature. Après la traditionnelle lecture de quelques verts du Coran, le souverain a pris la parole. Il a commencé par féliciter les 395 députés de la «confiance» des électeurs pour ensuite se consacrer au sujet central de son intervention, à savoir la relation entre le citoyen et l’administration.
Le monarque constate que le fossé séparant les Marocains de l’administration ne cesse de se creuser même si le royaume a entrepris d’opérationnaliser la régionalisation avancée et opte pour la décentralisation. Le souverain a souligné que les citoyens se plaignent de la lourdeur des procédures administratives, d’abus de pouvoir et du mauvais accueil.
Et de s’interroger sur les raisons de la création de tant d'institutions si elles ne bénéficient pas directement aux citoyens. «Si elles ne remplissaient pas cette mission, ces institutions seraient inutiles et n’auraient même pas de raison d’être.» Pourtant, les gouvernements qui se sont succédés depuis les dernières décennies ont tous consacré des milliards de dirhams à la réforme de l’administration sans réel succès. Le roi a conclu son diagnostic en évoquant une «panne» dans le système.
Message à l’élite politique
La solution est possible, a déclaré le souverain, à condition que les responsables et les élus soient convaincu que «gérer les affaires des citoyens et faire aboutir leurs démarches est une responsabilité nationale et une charge considérable qui ne souffrent ni d'un laisser-aller ni d'une procrastination».
Le discours royal est une auto-critique. Un message aux parlementaires et au prochain gouvernement pour se consacrer à servir les citoyens. «Or, il est navrant de constater que certains exploitent le mandat qui leur est délégué par le citoyen pour gérer les affaires publiques et en profitent pour régler leurs affaires personnelles ou partisanes, au lieu de servir l’intérêt général, motivés en cela par des calculs électoralistes.»
Si aucune réforme réelle de l’administration n’ait entreprise par le prochain gouvernement, «le classement du Maroc, dans ce domaine, restera dans la catégorie des Etats du tiers monde, voire du quart-monde et même du cinquième monde », a-t-il mis en garde. Et les citoyens, y compris les MRE, continueront à s’adresser directement au roi pour qu’il règle leurs problèmes avec l’administration. Et de s'interroger : «Je suis évidemment fier de traiter directement avec Mon peuple et de régler ses problèmes simples. Je continuerai à le faire, toujours à leur service. Mais est-ce que les citoyens Me demanderaient d’intervenir si l’Administration faisait son devoir ?»