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Grand Angle

Casablanca grandit de deux hectares par jour

La métropole de Casablanca gagne chaque jour deux hectares en moyenne sur son environnement proche. Elle devrait atteindre 40 000 ha en 2030 selon l'Agence urbaine. Yabiladi vous propose de comparer le Casablanca de 2003/4 avec celui de 2016.

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La métropole de Casablanca gagne chaque jour deux hectares en moyenne sur son environnement proche. Elle devrait atteindre 40 000 ha en 2030 selon l'Agence urbaine. / Ph. Google Earth
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La mégapole de Casablanca s’accroît chaque jour de deux hectares, en moyenne, selon l’agence urbaine de Casablanca. En 10 ans, entre 2004 et 2014, la population du «Grand Casablanca» (la préfecture de Casablanca, Mediouna et Nouaceur) a augmenté de 16,7 %, contre 1,5 % au cours des 10 années précédentes, selon les données du Haut-Commissariat au plan (HCP).

«La périphérie de Casablanca est le lieu de tous les enjeux. Il y a une énorme pression sur le péri-urbain. On assiste ainsi à un nouveau phénomène de densification des douars ruraux», remarque Olivier Toutain, consultant et spécialiste de l’habitat insalubre au Maroc. L’étalement de la ville vers Laaharouine et Dar Bouazza est très visible sur les vues aériennes de Google Earth. A l'origine, il était pourtant prévu que la capitale économique se déploie à l’ouest, vers Mohammedia.

«Les Schémas directeurs sont censés donner de grandes orientation, mais ils sont vite dépassés. Au bout de deux ans à peine, le dernier Schéma directeur de Casablanca comptait déjà plus de 1 000 ou 2 000 hectares de dérogation», souligne Aziz Iraqui, urbaniste et professeur à l’Institut national d'aménagement et d'urbanisme (INAU). Pour lui, le développement anarchique de la ville s’explique par le fait qu’il «n’y a pas de force politique qui ait cette problématique en charge. La région compte pas moins de 18 ou 19 collectivités. Même la nouvelle Région (suite à la régionalisation avancée, ndlr) n’a pas les moyens de gérer ça».

Les problèmes liés à ce développement anarchique de Casablanca pèsent d’abord sur la Lydec. La filiale marocaine doit en effet raccorder ces nouveaux quartiers aux réseaux d’eau potable, d’électricité et d’assainissement. La cotisation des promoteurs aux investissements liés à ces raccordements, en particulier l’assainissement, qui est le plus coûteux, reste la même quelle que soit la distance de ces quartiers au réseau. «Nous subissons une baisse du Fonds de travaux financé par les promoteurs, qui doit permettre de financer le raccordement de leurs quartiers alors que dans le même temps, ils construisent de plus en plus loin - parfois à 10 km des réseaux existant - parce que les terrains y sont moins chers», s’inquiète Yann Fajolles, directeur technique de la Lydec.

L’urbanisation débridée de la ville provoque également l’imperméabilisation des sols. Là où s’infiltrait hier l'eau dans la terre meuble du sol, elle ruisselle désormais sur les toits et le goudron. Or, les canalisations des eaux pluviales du centre historique n’ont pas été taillées pour une ville aussi grande. «Avec 380 mm de pluie par an en moyenne à Casablanca, nous avions le choix entre augmenter le diamètre de tout le réseau de canaux en centre-ville ou retenir les eaux en amont par des bassins d’orage rattachés au réseau. C’est cette option que nous avons choisie», souligne Yann Fajolles. 

Plus largement, l’accroissement de Casablanca est un défi lancé aux pouvoirs publics : comment assurer l’inclusion urbaine - les services publics, les commerces de proximité, l’aménagement urbain - quand la ville devance toutes les actions et dépasse les moyens politiques ?

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