Les noms d’oiseaux sont désormais une constante des campagnes électorales au Maroc. En témoigne la salve d’insultes proférées par Abdelilah Benkirane contre Salaheddine Mezouar en 2011. Cette année, le ton est monté d’un cran. Certains acteurs politiques, et non des moindres, ont puisé dans d’autres registres pour «descendre» leurs adversaires. Sans se départir des insultes, ils ont eu recours à de nouveaux thèmes, tels la «monarchie», le «roi», le «renversement du régime» ou encore «faire du Maroc une nouvelle Syrie». Des thèmes maintes fois relayés par Abdelilah Benkirane, Ilyas El Omari et Driss Lachgar.
Lors de ces deux semaines de campagne, le chef du gouvernement a marqué son positionnement. Il a multiplié les messages de fidélité au souverain tout en réitérant, à qui veut bien l’entendre, qu’il n’est qu’un «assistant» de Mohammed VI, véritable chef du gouvernement qui détient tous les pouvoirs en main, a-t-il lors d'interviews accordées aux chaînes Al Arabi et Al Hurra.
Des messages, qui ne sont pas dénués de calculs politiques, destinés à la fois à ses opposants dans les hautes sphères du pouvoir ainsi qu'aux électeurs. Ces derniers, si attachés à la monarchie, pourront-ils sanctionner un «assistant» du monarque ? La tradition donne plutôt ce rôle au souverain et non à ses sujets. Et même lorsqu'Abdelilah Benkirane évoque ouvertement les «colères royales» à son encontre, c’est juste à dessein de placer sa relation avec le monarque dans un cadre paternaliste. «Le père peut être en colère contre un de ses fils mais ne les disgrâcie pas», dit l'adage.
L’opposition réplique
Face à un discours qui a ses adeptes notamment dans le monde rural où le PJD a grandement besoin de glaner des voix, l’opposition a été contrainte de sortir l'artillerie lourde. D’abord, des sites d’actualité proches du PAM ont diffusé des vidéos d’anciens PJDistes d’Agadir, avançant que la Lampe se préparerait à «renverser la monarchie». Ensuite, les secrétaires généraux du Tracteur et de la Rose ont pris le relai pour dire que le PJD veut conduire le Maroc vers la situation que connaissent actuellement la Syrie et l'Irak.
Des accusations qui ne sont pas sans rappeler celles portées, il y a deux ans, par Hamid Chabat à l’encontre du chef du gouvernement. Pour mémoire, en juillet 2014 à la Chambre des représentants, l'Istiqlalien avait déclaré que ce dernier entretiendrait des relations dangereuses avec l’Etat islamique et le Mossad israélien. Des accusations qui ont complétement disparues du lexique d'Hamid Chabat, et ce après avoir rompu son alliance avec le PAM à l’issue des résultats des scrutins du 4 septembre 2015.
Mais qu’en est-il des programmes ? Ce sont évidemment les grands absents. Ils ont servi de faire-valoir à l’occasion de points presse tenus à Rabat et Casablanca pour disparaître rapidemment dans les meetings électoraux organisés par les chefs de partis dans les quatre coins du Maroc. Sur ce point, la campagne électorale des législatives de 2016 ne fait pas exception.